Dès lundi 30 janvier, deux caricatures du Prophète Mohamed des douze sorties au Danemark ont été publiées dans le quotidien italien Il Corriere della Sera alors que le journal La Stampa jugeait inadmissible la diffusion de ces dessins tout en montrant l'un des « plus polémiques ». Mardi 31 janvier, le quotidien suisse Blick a publié deux autres caricatures incriminées. En Allemagne, Die Welt a reproduit en une l'une des caricatures danoises ainsi que Die Tageszeitung. Le porte-parole de la Fédération des journalistes allemands (DJV) s'est dit hostile à la publication des caricatures du Prophète. Le code de déontologie de la presse allemande proscrit les articles ou images susceptibles de porter une grave atteinte aux « sentiments religieux ou moraux d'un groupe de personnes ». Le quotidien tchèque Hopodarske Noviny passe le pas et publie les dessins. En Espagne, El Periodico a justifié sa propre publication d'un commentaire précisant qu'il n'est pas « logique » d'essayer d'éliminer des critiques à l'étranger au nom d'une « lecture littérale et inhumaine ». Le directeur de France Soir, Jacques Lefranc, a été limogé par le propriétaire du quotidien après la publication des caricatures dans ses colonnes. Reporters sans frontières a lancé un appel, notamment en arabe, au calme et au dialogue dans cette affaire. « Si nous comprenons que de nombreux musulmans aient été choqués par ces publications - l'Islam interdisant toute représentation humaine du Prophète - rien ne saurait justifier des appels à la violence ni quelques menaces que ce soit », a écrit RSF. Libération publie deux dessins qu'il juge « les moins polémistes », voie choisie par Le Figaro. « L'autocensure peut se révéler nécessaire (...). Ce que la loi autorise, la conscience l'interdit parfois (...). On peut aussi faire un mauvais usage de la liberté de la presse », écrit l'éditorialiste du Figaro. Les hebdomadaires Le Nouvel Observateur et Courrier International ont décidé de publié sur leurs sites internet l'ensemble des dessins incriminés. En Espagne, ABC et El Periodico ont repris les caricatures, contrairement aux deux principaux quotidiens nationaux El Mundo et El Pais qui ont préféré s'abstenir. Aux Pays-Bas, rapporte le quotidien Libération, trois quotidiens - De Volkskrant, De Telegraaf et NRC Handelsblad - ont montré quelques-uns des dessins danois. Le NRC a même ouvert ses colonnes aux caricaturistes néerlandais prêts à s'attaquer au visage du Prophète. De Staandard, journal belge, qui a opté pour la publication des caricatures, souligne qu'elles « ont touché des millions de personnes dans ce qu'elles ont de plus cher ». « Ce n'est pas une action qu'un journal doit utiliser à la légère », poursuit-il, estimant pourtant que la « liberté d'opinion est depuis le Siècle des lumières une des pierres angulaires de la société occidentale ». Les médias britanniques, hormis la BBC, Channel 4 et ITV qui ont permis quelques furtifs aperçus des caricatures, se sont abstenus, en général, de reproduire ces dessins. Une attitude saluée, hier, par le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw. « Ces dessins ne sont pas essentiels à la compréhension du sujet. Pourquoi offenser quand ce n'est pas nécessaire ? », explique-t-on au Guardian. En Suisse, un caricaturist e de La Tribune de Genève a critiqué le dessin sur lequel le turban du Prophète cache une bombe : « Dans cette image, trois outrages : aux lois religieuse, humoristique et éthique. »