Nessma TV est la tribune des peuples et des démocrates du Grand Maghreb», a déclaré Nabil Karoui, directeur général de Nessma TV, lundi à Tunis. Tunis. De notre envoyée spéciale
Lors d'un point de presse organisé suite au procès qui l'oppose aux salafistes tunisiens, M. Karoui a insisté sur le rôle de sa chaîne dans le combat démocratique. Il regrette la dispersion des partis démocratiques en Tunisie. Ce qui a, d'après lui, ouvert les portes aux islamistes qui œuvrent pour détourner les acquis de la Révolution du jasmin. Nessma TV va-t-elle modifier sa ligne éditoriale suite aux attaques des islamistes ? «Soit on continue, soit on ferme», a tranché le premier responsable de NessmaTV. Néanmoins, il a dû bloquer une émission traitant de la pédophilie. «L'invitée de cette émission a cité parmi les pédophiles des imams. C'est pourquoi j'ai décidé de bloquer cette transmission», a avoué Nabil Karoui. L'autocensure ! Questionné au sujet de l'ouverture de l'audiovisuel en Algérie, après un moment d'hésitation, M. Karoui répond : «Même ici (en Tunisie), on a ouvert le champ médiatique, mais jusque-là personne n'a démarré.» De l'avis du patron de Nessma, cette chaîne est la seule alternative qui reste pour faire barrage aux salafistes qui veulent rétrograder la Tunisie. «Les partis démocratiques sont morcelés. Je me retrouve seul face à ces partis islamistes. Le modèle islamiste est le même que celui de Ben Ali. Ils n'accepte pas que les médias critiquent», regrette Nabil Karoui. Nessma TV est devenue «le symbole de la tolérance, de la liberté d'expression et de la démocratie». M. Karoui est fier des réalisations de cette chaîne. Tout de même, cette fierté n'est pas sans crainte dans le contexte que vit la Tunisie. «Il n'y a jamais eu d'entreprise qui a ressenti le choc que nous avons reçu. Je suis l'homme le plus menacé d'Afrique», a-t-il souligné. Au-delà des poursuites judiciaires entreprises sous prétexte du non-respect des préceptes de l'islam, Rim Saïdi, productrice à Nessma TV, a reçu des menaces de mort pour avoir déclaré qu'elle est berbère. A présent, les salafistes s'attaquent non seulement aux symboles de la démocratie, mais aussi aux repères identitaires des Tunisiens. A qui profite le chaos en Tunisie ? «C'est complètement instrumentalisé par Ennahda. Il y a un argent fou qui parvient aux islamistes», a-t-il accusé. Et d'ajouter : «Sur Facebook, des salafistes incitent les gens à m'assassiner et à mettre le feu à Nessma TV. Ils me traitent de mécréant et de sioniste.»