82% des handicapés recensés dans la wilaya de Boumerdès n'ont jamais été à l'école. Les enfants handicapés ne sont pas bien pris en charge par les pouvoirs publics dans la wilaya de Boumerdès. Cette frange sensible de la société vit pourtant une situation préoccupante. A travers la wilaya, plus de la moitié des enfants handicapés ne sont pas scolarisés. «On a une liste d'attente qui comprend 297 enfants aptes à être scolarisés dans un établissement spécialisé», nous dira une responsable à la direction de l'Action sociale de la wilaya. Elle indique que le centre d'éducation de Tidjllabine, destiné pour la scolarisation des handicapés, est saturé. L'établissement a une capacité d'accueil de 80 places, mais il reçoit actuellement plus d'une centaine d'élèves souffrant de multiples handicaps. Aujourd'hui, de nombreuses familles attendent avec impatience la réalisation d'autres centres dans la wilaya pour pouvoir y inscrire leurs enfants et leur permettre de s'épanouir. Le rapport de l'enquête réalisée en 2009 par l'association Ecole famille et prise en charge psychosociale (Aefpps), fait état de près de 1000 enfants handicapés, qui n'ont jamais connu l'école à Boumerdès, soit un taux de 82% du nombre recensé au niveau de la wilaya. La majorité est âgée de moins de 12 ans. Enumérant les raison de cet épineux problème, le rapport note que 22% d'entre-eux ne savent ni lire ni écrire à cause de l'absence d'établissements scolaires. Alors que 20 % le sont en raison du manque de moyens. Les deux établissements inscrits dans le but de réduire le taux d'analphabétisme qui touche cette frange de la population ne sont pas encore réalisés. Le centre prévu aux Issers piétine depuis quatre ans. Les travaux ont été entamés fin 2011 après trois ans de blocage. Le second établissement est implanté dans la commune de Khemis El Khechna. Il a une capacité d'accueil de 120 places. La DAS précise qu'il sera ouvert incessamment. Mais le comble est que même le nombre de classes intégrées ouvertes conformément à la convention du 10/12/1998 n'est pas suffisant. Cette convention signée entre le ministère de la Solidarité nationale et le ministère de l'Education prévoit l'ouverture d'une classe pour enfants handicapés au niveau de chaque établissement. À Boumerdès, l'on parle de l'ouverture de 2 classes uniquement, dont une à Thénia et une autre aux Issers. Outre cela, les enquêteurs de l'Aefpps soulignent que d'autres enfants (19 %) n'ont pas été scolarisés à cause des problèmes d'éloignement et 28% sont restés analphabètes pour cause du désintéressement et les mauvaises conditions de vie de leurs parents. Les enquêteurs avaient découvert que 73 parmi ces derniers sont pauvres, 22 % n'ont aucune ressource et 45 % sont analphabètes. 65% ne reçoivent aucune aide de l'Etat pour la prise en charge de leurs enfants. Il est utile de souligner dans ce cadre que les handicapés n'ayant pas atteint l'âge de 18 ans ne perçoivent aucune aide de l'Etat. Les services de la DAS en ont recensé 304 sur un total de 15 000 handicapés (chiffre approximatif), toutes catégories confondues, recensés au niveau de la wilaya. 9045 bénéficient d'une prime de 4000 DA. Ces derniers sont handicapés à 100% et âgés de plus de 18 ans. Ceux qui ont un taux de handicap de moins de 100%, dont le nombre est de 953, perçoivent 3000 DA dans le cadre de l'allocation forfaitaire de solidarité. Une source proche de la DAS indique que 31 % des enfants sont devenus handicapés à cause des mariages consanguins. D'où la nécessité, selon elle, d'organiser des campagnes de sensibilisation visant à lutter contre ce phénomène et répondre aux besoins les plus élémentaires des enfants handicapés.