Une éventuelle baisse des cours du pétrole, en conséquence aux risques de ralentissement de l'activité mondiale, pourrait engendrer des répercussions fâcheuses sur la santé économique de l'Algérie. Faute d'un relais à l'investissement public, la fragile croissance de l'économie nationale risque de ralentir considérablement en cas de tensions sur le marché pétrolier mondial. Une fois n'est pas coutume, le Fonds monétaire international (FMI) dresse en ce sens un constat qui vire davantage à l'inquiétude qu'au satisfecit quant à l'évolution à moyen terme des équilibres macroéconomiques de l'Algérie. Dans son tout dernier rapport annuel sur l'Algérie, repris avant-hier par l'APS, le FMI relève ainsi que l'orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années rend vulnérable le budget de l'Etat, dont l'équilibre est basé actuellement sur un prix du baril de pétrole légèrement supérieur à 100 dollars. Le FMI, qui prévoit pour 2012 une croissance économique de l'ordre de 3 à 3,5%, avertit néanmoins que «d'importants risques baissiers émergeront en cas de dégradation de la situation économique internationale et d'un repli prolongé des cours du pétrole». Dans pareil scénario, soutient cette institution, les positions extérieure et budgétaire de l'Algérie «seraient alors sérieusement affaiblies» ce qui entraînerait vraisemblablement «une réduction forcée des investissements publics» et, par conséquent, un fléchissement de la croissance et une aggravation du chômage. En clair, l'Algérie, dont la relative croissance économique de ces dernières années est essentiellement alimentée par le budget de l'Etat via de colossaux programmes d'investissements publics, doit désormais envisager d'autres alternatives pour se prémunir contre l'incertitude qui entoure actuellement le marché mondial. Lors de leur dernière mission en Algérie dans le cadre des consultations inscrites au titre de l'article IV des statuts du FMI, les représentants de cette institution avaient signifié que le déficit du budget de l'Etat, évoluant dans des proportions de 5% à 6% du PIB, était un déficit réel, bien que compensé par l'épargne engrangée ces dernières années. Aussi, avait averti la mission du FMI, la détérioration de l'environnement économique mondial pourrait entraîner une baisse prolongée du prix du pétrole, ce qui dégraderait fortement les équilibres budgétaires en Algérie. Dans son dernier rapport, qui fait suite à cette même mission effectuée en Algérie en octobre dernier, le FMI confirme que la viabilité budgétaire et la stabilité financière à moyen terme deviennent davantage tributaires de la volatilité des cours du pétrole. Tout en prévoyant qu'en 2012, le PIB hors hydrocarbures pourrait progresser de 5%, le FMI souligne clairement que la production d'hydrocarbures devrait poursuivre sa baisse du fait d'une faible demande mondiale. En définitive, estime l'institution de Bretton Woods, «l'investissement public devant jouer un rôle moins dynamique dans l'économie, le secteur privé devra devenir un moteur plus puissant de croissance et de création d'emplois». Pour ce faire, l'Algérie est plus que jamais appelée à accélérer la mise en œuvre de réformes structurelles efficientes et améliorer le climat d'investissement pour relever, insiste le FMI, les défis importants de préserver la stabilité macroéconomique, de rétablir la prudence budgétaire et de diversifier l'économie nationale avec un secteur privé plus solide.