Les incertitudes qui pèsent actuellement sur l'état de santé des économies avancées ne pourraient rester indéfiniment sans impact sur le fragile équilibre de l'économie domestique. De fait, le train dépensier que se permet l'Etat, ces dernières années, pourrait très vite s'avérer insoutenable, au vu des perspectives assombries que prédisent diverses prévisions pour l'économie mondiale. L'année 2012 risque fort d'être porteuse de récession pour la planète. Plus inquiétant encore, les crises mondiales prennent de plus en plus un caractère quasi systémique, au point de remettre à l'ordre du jour des questionnements liés aux fondements mêmes de l'actuel système économique mondial. Dans cet ordre d'idées, l'Algérie, qui peine à trouver ne serait-ce qu'une perspective d'alternative à sa logique de croissance tirée par la ressource publique, a fort à craindre pour la viabilité de ses finances. Le Fonds monétaire international (FMI), qui se montrait ces dernières années plus regardant sur les réformes structurelles à mener en Algérie, que sur son tableau du bord macroéconomique, a d'emblée donner le ton cette année, en avertissant contre les effets que pourrait avoir, dès 2012, l'état de l'économie mondiale sur celle domestique. Les premières conclusions tirées par cette institution, à l'issue de ses dernières consultations sur l'économie algérienne, sont sans équivoque : «La détérioration de l'environnement économique international pourrait entraîner une baisse prolongée du prix du pétrole qui dégraderait fortement les équilibres budgétaires.» Le Fonds monétaire international avertit surtout contre la propension des pouvoirs publics à laisser se creuser des déficits budgétaires, en comptant sur une épargne accumulée en période de haute conjoncture, alors que l'économie mondiale est bel et bien entrée en période de basse conjoncture. En clair, si le déficit actuel du budget de l'Etat n'est pas à ce point réel pour nourrir un discours de crise ou des craintes d'un retour à l'endettement, il n'en demeure pas moins qu'à court et moyen termes, les recettes de l'Algérie pourront être bien trop insuffisantes pour continuer à entretenir de tels niveaux de déficits. Evalué à 5% en 2011, contre 2% en 2010, le déficit budgétaire devra tourner autour de 5 à 6% l'année prochaine, selon le FMI. Or, dans un contexte de ralentissement mondial prolongé, le gouvernement ne pourra logiquement pas continuer à fixer des budgets annuels avec des dépenses dépassant ses recettes. Le hic est que si la rationalisation de la dépense publique devient désormais de mise, reste à savoir comment le gouvernement pourra continuer à entretenir le peu de croissance qu'affiche l'économie nationale.