Noureddine Moussa, ministre du Tourisme, a évoqué, hier à l'émission de la Chaîne III « Question de l'heure » les priorités de son secteur. Il explique d'emblée le retard par « la relative crise économique de 1986 qui n'a pas permis d'entretenir nos infrastructures hôtelières et la mauvaise période des années 1990 qui n'a pas été propice au développement du tourisme ». Il a ajouté : « Le tourisme se construit sur le long terme, il a besoin de l'intervention de tous les secteurs. Notre tâche la plus difficile dans la phase actuelle est d'organiser l'intersectorialité. Nous œuvrons à mettre en place des espaces de concertation et de travail avec les autres secteurs tels que l'aménagement du territoire et l'environnement avec la mise en place d'une commission qui travaille sur les ZET pour que les projets soient intégrés dans l'environnement. Nous avons établi une passerelle avec la formation professionnelle avec qui nous allons signer une convention pour la prise en charge des métiers du tourisme et le management touristique au niveau de leurs établissements parce que nous avons besoin de développer la ressource humaine. » Le ministre a affirmé que son département travaille avec le ministère des Transports pour adapter les horaires des vols d'Air Algérie vers les destinations du Sud qui souffrent de problèmes de programmation. Dans ce cadre, une commission formée des ministères du Tourisme, des Transports et de la compagnie nationale se déplacera au Sud pour se concerter avec les opérateurs locaux et trouver un programme de transport adapté aux exigence des touristes. Des vols charters pour le Sud existent pendant les saisons touristiques en provenance de différentes villes européennes. « Notre ambition est de faire du tourisme un secteur économique, créateur d'emplois et de richesses, cela ne nous intéresse pas qu'il y est des déplacements d'un point A vers un point B. L'objectif est de faciliter la création d'emplois. Le programme complémentaire de soutien à la croissance économique prévoit la réalisation d'infrastructures diverses qui serviront au développement du tourisme. L'Etat construira les infrastructures de base, mais se désengage progressivement de la sphère économique. Par contre, il renforce sa position en termes de réglementation, de contrôle et de facilitation. L'Etat n'aura plus à construire des hôtels pour les gérer, mais il réglementera et accompagnera les investisseurs. Nous sommes d'ailleurs en plein processus de privatisation », a t-il souligné. Plus de 700 demandes d'investissement provenant de nationaux ont été enregistrées. Le ministère du Tourisme a initié un travail de proximité avec les potentiels investisseurs. Dans les dossiers, il doit être mentionné « non seulement l'aspect technique des projets, mais aussi le financement, la réalisation et l'exploitation ». Il y a des porteurs de projets étrangers. Le ministre a cité le cas d'« un promoteur d'une société à capitaux saoudiens qui s'est engagé à faire un village touristique au niveau de la ZET de Zéralda et un autre village à Zemmouri. Il y a l'association Accor-Mehri qui s'est engagée à réaliser un certain nombre d'hôtels de catégories 3 et 4 étoiles (Ibis et Novotel). Nous avons réglé certains problèmes pour le lancement de 4 ou 5 hôtels ». Le ministre a parlé aussi de la participation de l'Algérie aux foires où « on a la chance d'avoir un retour d'écoute (Milan, Madrid, Paris, Berlin et Dubai). Nous avons un pays qui est différent de ceux des pays méditerranéens, car il offre des produits touristiques diversifiés, nous avons des produits authentiques. Tous les produits seront valorisés : le tourisme saharien est orienté vers une clientèle avertie, soucieuse de la question environnementale et qui rapporte, bien qu'il ne soit pas destiné au grand nombre, mais traditionnellement 80% du tourisme mondial est basé sur le balnéaire qui évolue en qualité. Nous allons développer le tourisme de bien-être qui peut avoir comme socle le thermalisme : nous avons à ce sujet identifié 200 sources thermales, et à ce titre, nous avons lancé une étude pour faire un bilan thermal pour que les investisseurs puissent concrétiser leurs projets en connaissance de cause. Nous avons le tourisme culturel. L'Algérie après l'Italie est le pays qui regroupe le plus de vestiges romaines ». S'appuyant sur les normes de l'OMT, le ministre a donné le nombre de visiteurs : « Nous avons eu 1.238.000 personnes en 2004, cela représente 10% d'évolution par rapport à 2003, et 18% d'évolution d'étrangers. En 2005, les statistiques arrêtées en septembre dépassaient les 1.300.000 visiteurs. L'OMT a signalé 1.500.000 visiteurs dans sa dernière publication ». Concernant l'activité des agences de voyages, il a confirmé que plusieurs chantiers sont ouverts pour améliorer leurs performances : œuvrer au regroupement des agences de tourisme et de voyages (ATV) dans une fédération capable de défendre la déontologie et constituer une force de proposition pour l'émergence de véritables tour-opérateurs capables de prendre en charge les exigences internes et internationales.