Le mauvais temps persiste dans la wilaya de Tizi Ouzou qui a sombré dans l'isolement. Les fortes chutes de neige qui continuent de s'abattre ont bloqué pratiquement toutes les routes de la région, pénalisant les citoyens, contraints de rester cloîtrés chez eux. Et pour cause, les conditions climatiques se dégradent de plus en plus depuis jeudi. Les intempéries ont mis, d'ailleurs, les populations dans un désarroi total en raison de l'absence de moyens pour faire face à ce genre de situation. «On est coupé du monde. Il n'y a ni électricité, ni gaz butane, ni pain, ni lait. C'est la paralysie totale.» Tel est le cri de détresse d'un citoyen de Tirourda, à Iferhounene. Dans cette localité perchée à plus de 1000 mètres d'altitude, sur les monts du Djurdjura, la neige n'a pas cessé de tomber depuis jeudi soir. Le village est inaccessible. La vie est au ralenti. Le citoyen fait face à de rudes épreuves durant ces journées de froid glacial. Les voies de communication sont obstruées par la poudreuse dans toutes les bourgades de cette commune, comme celles desservant Taourirt Ali Ounacer, Ikhedachen, Bouadel et Boumansour. A Illiltène, les villageois nous ont fait part de leur calvaire. «La commune ne dispose pas d'ambulance. Les malades sont évacués vers l'ESP d'Iferhounene, distante de 15 kilomètres, avec des véhicules tout terrain accompagnés de camion chasse-neige. C'est vraiment une situation très délicate surtout avec le manque d'approvisionnement en gaz butane et la pénurie de produits de première nécessité comme le pain et le lait », nous ont expliqué des villageois, qui appréhendent une paralysie totale si la situation reste en l'état encore deux ou trois jours. «On risque de sombrer dans le même enclavement qu'en 2005, où on avait passé plus de dix jours dans l'isolement», appréhendent-ils. Dans la commune d'Abi Youcef, daïra de Aïn El Hammam, à 55 km au sud de Tizi Ouzou M. Hammi, président de l'APC, nous a précisé : «Sincèrement, nous sommes vraiment dépassés. Nous avons eu recours à un bulldozer parce les Case n'ont rien donné, surtout dans les villages de Tizi Oumalou et Tizi Neldjamaâ où l'épaisseur de la neige a atteint plus de 1,40 m. Nous procédons, sans arrêt, au déneigement et, comme priorité, la route vers Aït Yahia, sur plus de 5 km, afin de pouvoir nous approvisionner surtout en gaz butane.» Le même maire précise que si l'APC n'est pas alimentée d'ici deux jours en gasoil, elle sera en rupture de stock : «Il y a 13 engins de l'APC qui marchent de 4h à 23h et qui consomment au moins 1500 litres de gasoil par jour. Donc si d'ici deux jours, nos réserves ne sont pas alimentées, ce sera la catastrophe !» D'autres localités de la Haute-Kabylie sont couvertes de neige, à l'image d'Akbil, Aïn El Hammam, Yatafene, Iboudrarene, Beni Yenni où les conditions de vie en cette période de froid glacial sont intenables. Les villageois subissent les aléas du mauvais temps. La circulation automobile est bloquée et l'approvisionnement en produits de première nécessité est presque impossible. Les citoyens font plus de dix kilomètres, à pied, pour acheter du pain. Même chose à Ouadhias et Agouni Gheghrane, notamment dans les villages de Aït Oulhadj et Ath Reggane. A Draâ El Mizan, la Protection civile est intervenue, hier matin, pour évacuer trois familles à la cité de l'Indépendance pour risque d'effondrement de leurs maisons. Des coupures d'électricité sont également signalées dans ces localités, où on nous a parlé aussi d'une forte pression sur le gaz. Les habitants de Bouzguene, Azazga, Azzefoun subissent, eux aussi, depuis plus de trois jours les aléas des intempéries qui ont paralysé ces localités où même les produits de première nécessité font défaut. De fortes chutes de neige ont été également enregistrées à Ouaguenoun, Boudjimaâ et Makouda, des villages privés aussi d'électricité. A Iflissen, sur le littoral de la wilaya de Tizi Ouzou, un éboulement de terrain a été signalé du côté de Taksebt, sur la RN24, qui a été fermée à la circulation. Dans la même commune, plusieurs villages sont inaccessibles comme Tizi Tamlelt, Aït Youcef, Agouni Moussi et Arbi. Le chef-lieu de wilaya est recouvert d'un manteau blanc. Pratiquement tous les commerçants ont baissé rideau, à l'exception des boulangers qui ouvert le matin pour écouler leur pain qui s'est d'ailleurs vendu en un tour de main. Des coupures d'électricité sont signalées, tout comme la connexion internet était perturbée, hier, durant toute la journée.