L'incivisme atteint un seuil intolérable, amplifié par le laxisme des autorités. A quelques encablures de la gendarmerie, le bord de mer devient une décharge sauvage en toute impunité. Les habitants de la corniche de Annaba notamment de Ras El Hamra et Aïn Achir se sont réveillés avant-hier sur un spectacle désolant, apprend-on auprès des riverains. Des tonnes de gravats jonchent la forêt et le littoral de Aïn Ben Soltane, des zones d'extension touristiques (ZET) par excellence. «C'est une zone naturelle encore vierge très fréquentée par les familles, notamment pendant les week-ends. Il y a des lieux désignés pour accueillir les gravats et autres déchets solides. Au moins quarante camions de gros tonnage ont vidé leurs bennes un peu partout sur cette zone. Où sont passées les autorités locales et la gendarmerie, territorialement compétentes ?» se désolent les riverains. Renseignements pris, il s'agit des déblais de terrassement d'un nouveau chantier implanté à proximité du rond-point de la cité déshéritée El M'haffeur. Les habitants qui affirment avoir saisi la gendarmerie, la direction de l'environnement et autres services concernés, s'interrogent cependant sur toute absence de réaction. Même le wali de Annaba n'a pas daigné intervenir pour mettre fin à ce véritable crime contre la nature. Pourquoi ? Selon des sources sûres, l'auteur de cette grave atteinte à l'environnement a pignon sur rue à telle enseigne qu'il ne respecte pas les lois de la République, encore moins les services de sécurité, chargés de leur application. En colère, les habitants de la corniche interpellent le wali, les services de sécurité et les associations de la protection de l'environnement pour mettre fin à ce massacre, commis au détriment de toutes les lois régissant la protection des zones d'extension touristique. «Il y a des barons à Annaba qui demeurent toujours intouchables. Bien introduits dans les rouages de l'administration, ils font et défont, selon leurs intérêts au su et au vu des services de sécurité, qui, par leur silence, confirment leur complicité», estiment les victimes de ce grave incident, une première à Annaba.