La vague de froid, qui paralyse actuellement l'Europe ainsi que le Bassin méditerranéen, a permis à l'Algérie d'augmenter ses livraisons de gaz vers le vieux continent. L'Italie, qui souffre particulièrement de la situation au point de puiser dans ses stocks stratégiques, a augmenté les volumes importés via le gazoduc transméditerranéen Enrico Mattei. Les propos tenus dimanche soir par le président du groupe énergétique italien ENI, Paolo Scaroni, sont à ce titre clairs. L'Italie compense la baisse des approvisionnements en gaz russe par l'accélération des livraisons à partir de l'Algérie et, dans une moindre mesure, de l'Europe du Nord. Il ne s'agit pas pour autant d'approvisionnement hors quotas normaux. Les exportations «supplémentaires» de gaz vers l'Italie ne constitue pas de livraisons exceptionnelles pour l'Algérie et font partie des quantités à pourvoir annuellement dans le cadre des contrats à long terme signés entre Sonatrach et ENI, nous explique-t-on. Ces derniers prévoient d'ailleurs des livraisons annuelles de près de 34 milliards de mètres cubes. Ce qui permet à l'Algérie de se situer en tant que premier fournisseur de l'Italie avec la couverture de 32 à 37% des besoins de ce pays en gaz contre près de 29% pour la Russie. Hier, c'était au tour du ministre italien du Développement économique et des Infrastructures, Corrado Passera, d'annoncer que son pays cherchait à augmenter ses approvisionnements en gaz algérien pour faire face à l'augmentation de la demande interne en cette période de froid. Laquelle demande devrait atteindre, selon les estimations du même responsable, 440 millions de mètres cubes par jour. C'est dire aussi que l'Italie recoure au gaz algérien dont les livraisons demeurent régulières pour compenser l'arrêt des livraisons par Gazprom de volume de gaz hors quotas. D'ailleurs Paolo Scaroni, dont les propos ont été repris par l'agence Reuters, a précisé que sa compagnie se préparait à des «moments difficiles». Car même si aucun risque de pénurie ne se profile actuellement, la vague de froid, qui perdure et touche actuellement toute l'Europe, nourrit l'appréhension d'une baisse continue des fournitures de gaz russe aux clients européens. La Russie avait annoncé samedi dernier une baisse de 10% de ses livraisons de gaz au marché européen. Une baisse qui ne touche pour l'heure que les volumes hors quotas, tandis que les volumes prévus par les contrats en cours sont quant à eux respectés. Gazprom est d'ailleurs dans l'impossibilité de livrer des volumes supplémentaires après avoir reçu l'instruction du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, d'assurer les besoins internes en priorité. La Commission européenne a annoncé, hier, que les livraisons de gaz russe étaient en train d'augmenter sans pour autant atteindre leur niveau normal. Toutefois, si la vague de froid persiste, il difficile de prévoir l'évolution des fournitures depuis la Russie à partir de jeudi. Ce qui fait craindre le pire, particulièrement aux Italiens, qui ont déjà enregistré un déficit de 30% ces derniers sur le réseau et qui ont dû puiser dans leurs réserves créées en 2006 après la crise du gaz entre Moscou et Kiev.