Le 23 février 2012 s'ouvrira, à l'initiative de Sortir du colonialisme (association regroupant diverses organisations et soutiens politiques, associatifs, culturels), la 7e édition de la Semaine anticoloniale et antiraciste, largement consacrée au 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Une longue semaine qui se prolongera jusqu'au 11 mars, et même plus loin, avec, le 17 mars, une grande manifestation antiraciste et anticolonialiste, la «Marche solidaire des peuples en lutte», co-organisée avec le collectif D'ailleurs nous sommes d'ici. Egalement, des colloques, des réunions-débats, des expositions, des projections de films, des concerts, du théâtre… Paris. De notre correspondante Depuis la loi du 23 février 2005 sur «l'apport positif de la colonisation», le débat sur le passé colonial de la France s'est ouvert de la plus mauvaise manière qui soit. Il est aujourd'hui urgent de sortir de la «guerre des mémoires» et de permettre une mémoire partagée par tous, permettant à chacun de se retrouver dans notre histoire commune», précise Sortir du colonialisme, qui indique que l'objectif qu'elle s'est assignée consiste à «comprendre les ravages du colonialisme dans le passé et qui perdurent encore aujourd'hui pour entrevoir de nouvelles perspectives ; dépasser le ressentiment latent lié à une opacité de l'information et de la transmission de la mémoire, pour retrouver une compréhension mutuelle, apaiser les esprits et élaborer un projet commun dans le cadre des droits de l'homme ; de mettre en lumière la liaison entre les discriminations subies et la question coloniale, en montrant la différence entre les situations vécues hier et aujourd'hui et en permettant le dialogue intergénérationnel et interculturel». Et de signaler que «la loi du 23 février 2005 sur ‘‘l'apport positif de la colonisation'' a autorisé et légitimé une parole révisionniste sur le passé colonial de la France, une réécriture officielle de l'histoire tentant de réhabiliter une période condamnable. L'histoire coloniale de la France a été une violence, une négation et une acculturation des peuples colonisés. Il est urgent de déconstruire un imaginaire colonialiste, en luttant pour la réappropriation d'une mémoire partagée par toutes et tous». C'est pourquoi la Semaine anticoloniale qui, cette année, s'étalera sur trois semaines, a pour but de «décrypter les traumatismes encore à vif liés au colonialisme, de travailler sur la transmission de la mémoire et d'analyser les discriminations post-coloniales qui stigmatisent et excluent, à la lumière, des méfaits du passé». La célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie sera au cœur du programme de cette Semaine anticoloniale. «Un accent particulier sera mis sur le cinquantenaire de la fin de la guerre de l'Algérie, par rapport à la volonté officielle d'étouffer la commémoration de cet événement par le gouvernement français». Il y aura un colloque, le 29 février, au Centre culturel algérien, intitulé «Les résistances françaises à la guerre d'Algérie». A cette occasion sera présenté Résister à la guerre d'Algérie par les textes de l'époque, un livre coordonné par Tramor Quemeneur, historien, et Niels Andersson, éditeur et politologue qui sont organisateurs du colloque du 29 février 2012. Un coffret de quatre CD de chansons algériennes les plus significatives, de 1930 à 1962, accompagné d'un livret de 20 pages, sous le titre Algérie musiques rebelles, nous fait (re)découvrir les musiques authentiques d'un peuple en lutte pour reconquérir sa liberté et son indépendance. Les éditeurs engagés contre la guerre d'Algérie est une exposition qui se tiendra au musée de Montparnasse, du 28 février au 9 mars, et qui mettra l'accent sur Henri Alleg, Franz Fanon et sur la Déclaration des 121. Le 7 mars, à 19h, aura lieu une réunion-débat au Musée de Montparnasse sur le même thème. Samedi 25 février, rencontre-débat autour de «La reconnaissance du 17 Octobre 1961» par le Collectif du 17 Octobre. Il y aura également une rencontre autour de Frantz Fanon, 50 ans après sa mort. Le Salon anticolonial, qui se tiendra à la Bellevilloise, (Paris 20e) les 25 et 26 février, réunira une cinquantaine d'exposants associatifs, puis la remise du prix du livre anticolonial de l'année, du prix du colonialiste de l'année, le prix Frantz Fanon (l'an dernier, il a été attribué à Stephane Hessel, cette année, il reviendra à Mumia Abu Djamal), le prix de la Françafrique et du livre anticolonial. Les discriminations des jeunes générations, issues de l'immigration algérienne et plus largement africaine, seront également une thématique importante avec une rencontre autour de «Immigration et colonialisme» organisée par le Collectif du 17 Octobre. A noter aussi un débat avec les candidats à l'élection présidentielle ou leurs représentants sur la question du racisme. Les révolutions arabes seront également évoquées au Cabaret sauvage le 24 février. Un autre colloque «Laïcité : du code de l'indigénat à la situation postcoloniale» à l'espace Jean Dame (Paris IIe), le 3 mars. «Femmes et colonialisme», salle Jean Dame (Paris 2e), le 8 mars. Il y aura également du théâtre avec La mise en procès, une mise en procès contradictoire du Code noir, du Code de l'indigénat et du Code des étrangers, une proposition et une mise en scène de Maylis Isabelle Bouffartigue. La Mise en procès explique de quoi se nourrit le droit des étrangers et démontre que l'histoire se répète autrement. Adaptation et extraits de Coloniser, exterminer d'Olivier Le Cour Grandmaison, (éditions Fayard), de De l'indigénat. Anatomie d'un «monstre» juridique : le droit colonial en Algérie et dans l'empire français, d'Olivier Le Cour Grandmaison, (Zones), de Le Code noir ou le calvaire de Canaan de Louis Sala-Molins (Puf), de Les esclaves noirs en France sous l'ancien régime de Marcel Koufinkana, L'Harmattan. Extraits également du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, discours de Brice Hortefeux, Eric Besson, (anciens ministres de l'Immigration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire), de Claude Guéant, (ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration) et de Nicolas Sarkozy (président de la République française). Co-production Compagnie monsieur madame. La représentation sera suivie d'un débat animé par Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire, spécialiste de l'histoire coloniale et des questions de citoyenneté. La première coupe de football des peuples sans Etat se tiendra à la Courneuve. Un concert spécial 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie à la salle des fêtes de Montreuil, le 4 mars qui sera animé par Abdelkader Chaou, Boudjemaa Agraw et Sihem Stiti. La semaine se prolongera en régions, grâce à l'appui de nouveaux partenaires. Pour plus d'informations : www.anticolonial.net