La levée de boucliers et le tollé entretenu autour d'Al Academia, la réplique arabe de Star Academy, ce format d'émission de téléréalité musicale initié par le groupe néerlandais de production télévisuelle Endemol et testé en France sur TF1, diffusé en simultané sur la chaîne satellitaire libanaise privée LBC et sur l'ENTV, à l'image des autres pays du monde arabe, a été interdite, à la hussarde, de retransmission en direct live sur la TV algérienne, suite à la pression du parti politique algérien MSP et du Haut Commissariat islamique (HCI), par la voix de son président, cheikh Bouamrane. Les griefs, pour ne pas dire le sacrilège, portent, selon les détracteurs de la Star'Ac arabe, sur les images, les performances scéniques et autres chorégraphies des candidates, jugées choquantes, indécentes, lascives et jubilatoires, car le show de la Star'Ac est contraire au valeurs algériennes et au conservatisme. Cet anathème jeté sur la Star'Ac panarabe a un arrière-goût de déjà-vu. Et pour cause ! Le premier à pâtir de cet « autodafé », à l'ère globale, a été le lauréat de la première version de la Star'Ac arabe, l'année dernière. Le jeune académicien saoudien, Hichem, a été honni en son pays. Alors qu'il a été encensé en prime-time. Hichem a été purement et simplement arrêté manu militari à Riyad, suite à l'indignation des oulémas saoudiens, une soixantaine, ayant prononcé une fatwa qualifiant la Star'Ac de « crime contre l'Islam et un péché majeur à l'encontre de la oumma (nation arabe) » et LBC de « chaîne de débauche et de dépravation », mettant frontalement à l'index le milliardaire saoudien Al Walid Ben Tala, neveu du roi Fahd, actionnaire de la chaîne satellitaire libanaise LBC. De front, dans le même effet boule de neige et polémique enflante, Mohamed Abdallah Abou Al Hassan, le ministre de la Culture koweïtien et chiite d'alors, avait été victime de ce climat délétère et hostile à la Star'Ac arabe. Il a été obligé de... démissionner (raison d'Etat) pour avoir autorisé l'organisation de concerts et un numéro spécial de l'émission de divertissement Star'Ac arabe au Koweït. Le ministre de la Culture koweïtien avait alors été accusé « d'atteinte à la morale islamique de la société... ». Ce qui est sidérant, c'est que tout le monde arabe est branché en simultané sur LBC pour encourager ses représentants, musicalement parlant, sauf l'Algérie et l'Arabie Saoudite. Un anachronisme cathodique maghrébin (le Maroc et la Tunisie, par exemple, n'ont pas zappé la Star'Ac arabisante). Cependant, ces réactions épidermiques anti-Star'Ac en Algérie sonnent tel un hallali tardif. Car le monde arabe, actuellement, a relégué à la dernière extrémité un sujet aussi futile qu'est la Star'Ac. Alors qu'en Algérie, les partis politiques devraient interpeller l'Etat sur les questions vitales et urgentes que sont le chômage endémique, la bombe à retardement de l'Algérie, l'érosion du pouvoir d'achat, le décollage économique, l'éducation... La politique et la musique ne font pas bon ménage. Par ailleurs, la suppression de Star'Ac de l'ENTV est le signe patent du verrouillage des médias audiovisuels. C'est le drame de l'Algérie de n'avoir qu'une seule et unique chaîne de télévision publique pour ne pas dire étatique et plutôt faisant dans le divertissement « gérontologique » et orwellien : Big brother is watching you ! (Le grand frère vous surveille !).