C'est un succès mirifique qu'avait reçu, jeudi soir, la chanteuse Hasna El Becharia à Oran, ville où elle s'était produite pour la toute première fois ! Invitée par l'Institut français d'Oran, cette diva de la musique gnawi, du haut de ses 62ans, a tout simplement envoûté le public, avec son gumbri et sa voix duveteuse. La foultitude de fans qui a afflué à l'Institut était telle que beaucoup, alors que la salle était «bondée», ont dû se contenter d'apprécier la chanteuse à partir d'une salle annexe, par vidéo interposé ! Il eut été plus judicieux en effet d'organiser un événement de cet acabit non pas dans la petite salle de l'Institut français, mais au contraire dans un lieu plus vaste, à même d'accueillir un très grand nombre de gens. Mais qu'à cela ne tienne ! En vérité, il ne s'était pas agi d'une rencontre «intimiste» entre la diva du Sahara et son public d'Oran : Hasna El Becharia n'était pas seule sur scène, mais faisait partie d'un quartet talentueux, composé entre autres de la non moins sublime chanteuse Souad Asla. Une sorte de «dream-team» en somme ! Alors que Hasna, assise sur un tabouret, parvenait, par sa voix et par son gumbri, à faire vibrer toute l'assistance, avec sa doucereuse musique, teintée par moments de blues, ne voilà-t-il pas que Souad, elle, tout en faisant «porter» sa voix, accomplissait des tours de force artistiques, en faisant déhancher son corps, avec des danses sensuelles et suaves. En arrière-plan, deux voix masculines faisaient égayer davantage l'atmosphère gnawi, aidés de leurs instruments respectifs : la batterie et les castagnettes. Chez le public, l'extase était telle qu'il confinait même à l'osmose. Le temps s'écoulait doucement, et personne n'eut à s'en plaindre. Le ravissement avait touché son point culminant. Les gens étaient comme captivés, presque en transe avec les artistes. Certains joyeux drilles, trop emportés par l'ambiance de fête, ne pouvaient se résoudre à rester assis, et se sont levés…pour se mettre en piste ! Oui, malgré l'étroitesse des lieux, beaucoup se levèrent et se mirent à danser, encouragés du reste par Souad Asla. Au final, il s'était agi d'une soirée musicale palpitante, durant laquelle la musique gnawi, partie à part entière du patrimoine musical algérien, fut célébrée comme il se doit. Ce genre musical du reste est de plus en plus prisé par le public, notamment au rang des plus jeunes ; c'est en tout cas ce qu'a souligné à l'évidence la prestation, jeudi dernier, de Hasna El Becharia, la rockeuse du désert, comme on se plaît à la surnommer. Fille d'un maître incontesté du diwane, Hasna a su s'imposer dans un univers typiquement masculin. Elle excelle, par sa musique, à faire fusionner le traditionnel et le modernisme. Ses chansons sont toutes des hymnes à l'amour et à la tolérance. Cette femme de 62 ans s'est faite remarquer en premier lieu dans sa ville natale, à Béchar, avant de conquérir le reste de l'Algérie… et chemin faisant, les villes européennes ! Sa musique enchanteresse fait propager, à tous les coups, une sorte d'euphorie chez le public, qui le plonge dans un univers de musique, où tout n'est que bien-être, suavité et sensualité ! A noter enfin que cette prestation savoureuse fut ensuite suivie par une soirée «diwane» en compagnie de l'association Ahl El-Diwane et Wahrani, qui a proposé au public un voyage dans le fin fond de l'Algérie profonde…