Maâlem Benaïssa est décédé vendredi dernier à l'hôpital. Il était le leader charismatique du groupe de Gnawa Diwan Dzaïr, chanteur et excellent joueur du gumbri. Il capitalisait déjà une longue expérience musicale. Il était en quelque sorte né dans le diwan, rituel pratiqué par les Gnawa dans tout le Maghreb. Son père (décédé) Maâlem El Hadj d'Alger, très respecté au sein de la communauté, l'a initié très tôt au gumbri. Il lui a appris la rigueur dans le travail et le respect des ancêtres. Benaïssa appartenait également à une grande famille de musiciens. Sa grand-mère paternelle jouait du gumbri, sa tante paternelle du karkabou et du tambour. Persuadé qu'il pouvait tirer de son instrument des sonorités insoupçonnées, Benaïssa n'hésitait pas à tenter l'aventure avec d'autres artistes dans des genres musicaux différents. C'est le cas avec Alla de Béchar qui l'entraîna dans le monde fabuleux du foundou, puis c'est avec le groupe T34 que Benaïssa découvrit l'univers du rock'n'roll algérien accompagné par Khaled Louma qui fut probablement l'un des premiers à avoir introduit le gumbri dans ce genre musical. Le groupe qui a bouclé ses dix années d'existence était plus connu, faut-il le rappeler, pour ses penchants pour le jazz et le blues que pour le gnawi. Maâlem Benaïssa aimait improviser sur son gumbri. Son jeu chaleureux captait toutes les attentions. Lorsqu'il se mettait au gumbri, les sonorités graves et résonnantes de ses cordes, apaisaient la salle grâce à cette entrée rythmée et bruyante. Le groupe optait pour le côté traditionnel et mystique du gnawi. Ainsi le jazz, le blues et le gnawi ne faisaient qu'un. Le rock du désert trouvait son pendant enchanteur dans le gnawi et nous plongeait dans cette quaâda mystique que seuls les grands ont le don de créer. Maâlem Benaïssa avait récemment participé au Festival de la Saoura. Il était très apprécié par ailleurs des Maîtres marocains, champions dans la musique gnaouie. Chez nous, il était une référence. La musique gnaouie vient de perdre un grand homme.