Photo : S. Zoheir Par Wafia Sifouane Longtemps déserté par l'animation artistique, le théâtre de verdure du bois des Arcades à Riad El Feth vient de retrouver la vie et cela grâce à la tenue du Festival international de la musique diwan organisé dans le cadre de la deuxième édition du Festival panafricain. En effet, nombreux sont les jeunes amateurs de gnawi qui ont côtoyé les quelques familles, pour la deuxième soirée du festival, dans la soirée de mardi dernier. Sur les coups de 21h, les huit musiciens du groupe Noudjoum Essaoura rejoignent la scène. Ils sont quatre percussionnistes, un bassiste, un guitariste, un joueur de gumbri et chanteur aussi. Le premier morceau est une reprise de l'authentique diwan issu du répertoire marocain, Lalla Aïcha. Cette chanson a déjà été reprise par les grands noms du genre gnawi, à l'instar de Ouled El Abdi ou encore de Hassan Hakmoun. L'ambiance est au rendez-vous. D'autant que la majorité du public est constitué de connaisseurs. Mais hélas, le groupe n'arrive guère à tenir le rythme. Entre maladresses et problèmes techniques, la formation, qui, faut-il le rappeler, est la lauréate du 2ème prix au Festival de musique gnawie à Béchar en 2008, n'a pas été à la hauteur des attentes des jeunes. C'est un petit groupe constitué de copains, nous dira un spectateur. «Nous sommes vraiment déçus par ce groupe. Nous qui nous attendions à de l'authentique musique gnawie», renchérit un groupe de jeunes. Noudjoum Essaoura enchaîne avec un second titre, Baba Hamou. C'est encore une reprise. Elle sera suivie d'un autre morceau, Ya Lilia. Une cascade de fausses notes défile. Les rares moments d'harmonie sont très vite interrompus. Heureusement, le groupe burkinabé Juils sauve la partie en se joignant à Noudjoum Essaoura. Ensemble, ils reprennent encore une fois Baba Hamou. Mais pour offrir cette fois une version magistrale, très rythmée et très bien interprétée par le chanteur burkinabé. Captivés par la voix du chanteur, les jeunes affluent vers la scène qu'ils avaient désertée quand Noudjoum Essaoura massacrait gaillardement le rythme, surtout quand ils ont essayé d'introduire des sonorités métal. Le son vire au cauchemar sonore. Des notes angoissantes et saccadées qui ont chassé toute la spiritualité de la musique diwan. Ce n'est que vers la fin du spectacle que Juils se décidera à faire découvrir au public un échantillon de musique afro. La belle chanteuse du groupe se chargera de l'interprétation du titre dédié à la diva Miriam Makeba. Le dernier titre est une sorte d'ode à l'Algérie. Il est intitulé Panafricain. Un point est à inscrire pour les lumières et la sono qui étaient à la hauteur. Un jeu de lumière très recherché avec des motifs et des symboles de la culture gnawie a égayé la scène. On notera aussi l'initiative louable de l'animatrice qui profitera de chaque pause durant le concert pour donner le programme, compensant l'absence d'affiches et de dépliants. Le public n'avait qu'à prendre note. Un autre point est à attribuer à la sécurité. Le service d'ordre a sécurisé tout le périmètre. Le mauvais point est à attribuer au commerçant qui tient le seul stand où les spectateurs pouvaient s'approvisionner en eaux et glaces. Tout le monde se plaignait de la cherté de ses produits. Profitant de la circonstance, le propriétaire de ce stand n'a pas hésité à doubler les prix. Par ailleurs, le Festival du diwan se poursuit jusqu'au 14 juillet au théâtre de verdure du bois des Arcades. A l'affiche ce soir, Samira Brahmia et Nora Gnaoua. D'autres noms de renommée sont attendus, à l'instar de Hasna El Becharia le 12 juillet et de Gaada diwan Bechar le 14 juillet.