Certains assureurs se plaignent de plus en plus des remises et des sous-tarifications accordées notamment pour l'assurance «tous risques» dans le cadre de la branche automobile. Adopté depuis quelques années par tous les assureurs, quelle que soit leur santé financière, sous l'impulsion des plus grandes compagnies, le système de remises sur les primes d'assurance lors de l'achat de véhicules neufs semble grever le budget de toutes les compagnies. C'est en tout cas l'avis de certains professionnels, notamment privés, qui n'arrivent pas, déclarent-ils, à équilibrer leurs comptes, tout en étant obligés de s'adonner au jeu des remises. Contacté hier, Hassan Khelifati, PDG d'Alliance Assurances, estime que «la sous-tarification des risques automobiles occasionne pour les assureurs des pertes estimées à 80 milliards de dinars annuellement, soit un milliard de dollars, ce qui met en danger l'existence même des compagnies». Le patron d'Alliance Assurances n'hésite pas à parler de «dumping déguisé» exercé par les compagnies dominantes qui vendent à perte et obligent les autres à en faire de même. M. Khelifati cite des chiffres enregistrés au niveau du ministère des Finances qui font état de la progression timide du marché des assurances qui, de son avis, n'a progressé que de 7 milliards de dinars en 2011 alors qu'il aurait dû enregistrer une augmentation de 20 à 25 milliards de dinars, dont quelque 12 milliards pour la branche automobile. M. Khelifati avance ces chiffres en se basant sur des données de ventes de véhicules de 400 000 unités en 2011 avec en moyenne une prime d'assurances tous risques de 30 000 DA chacune. M. Khelifati soulève aussi le problème des pertes occasionnées par la «responsabilité civile» (RC) de la branche automobile, plafonnée à 1 DA, mais dont le remboursement avoisine les 3 DA selon une étude de l'Union des assureurs et réassureurs (UAR), obligeant encore une fois les compagnies, affirme-t-il, «à vendre à perte». Le PDG d'Alliance Assurances estime que la branche automobile, assimilée à une soupape de sûreté par les compagnies privées, est devenue source de problèmes divers. Ceux-ci viennent s'ajouter, nous dit M. Khelifati, à l'exclusion de facto des assureurs privés des assurances «gros risques» du marché public que constituent des entités comme Sonatrach, Sonelgaz, ou encore les OPGI. «Dernièrement, certains OPGI ont exclu de fait des compagnies comme la nôtre qui n'existe que depuis 2004, en accordant, dans le cadre de leur cahier des charges, aux compagnies de plus de 15 ans d'âge 60 points par rapport aux autres soumissionnaires.» Notre interlocuteur cite aussi un autre marché qui ne s'ouvre pas aux privés, celui de la PME : «Il nous est difficile d'obtenir ce genre de marché spécifique aux PME, certaines banques ont exigé que l'assureur soit étatique.» Le PDG d'Alliance Assurances estime que face à tous ces problèmes handicapant l'action des compagnies, la concertation entre tous les assureurs devient indispensable pour sauver le secteur des qui «ne peut continuer à fonctionner tel qu'il le fait actuellement au risque de dépérir».