41 ans après la nationalisation des hydrocarbures, le bon usage de cet atout dont dispose le pays pour assurer la croissance et le développement de son économie bute sur un écueil de stratégie. Depuis le début des années 2000, de nouvelles formes de corruption sont apparues au niveau de Sonatrach. Ce phénomène a pris une allure exponentielle, jusqu'à atteindre un niveau inégalé. La modernisation de la gestion de Sonatrach, et plus particulièrement de la ressource humaine, reste l'un des axes sur lesquels doit travailler la nouvelle direction. Installé le 17 novembre dernier, le nouveau patron de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, veut imposer un style de gestion différent, où la valorisation de la ressource humaine occupe l'un des axes majeurs des projections à long et moyen termes. Le manager, qui s'est attelé ces deux derniers mois à parer au «plus urgent», nous dit-on, serait celui qui marquera la rupture avec l'instabilité dont pâtit la première entreprise d'Afrique depuis deux ans, période durant laquelle, rappelons-le, le groupe a consommé pas moins de trois managers. S'il est vrai que les problèmes avec lesquels Zerguine aura à en découdre sont importants, l'intervention de l'Etat actionnaire et son représentant au département de l'énergie sera décisive. En tout état de cause, les premières interventions du P-DG de Sonatrach avaient pour objectif surtout de rassembler les troupes. Car, ne l'oublions pas, la succession de Zerguine à Noureddine Cherouati s'est opérée dans un contexte social explosif marqué par des mouvements de grève erratiques, notamment dans le sud du pays. La démobilisation des troupes est également l'un des effets de ce qu'on appelle aujourd'hui «les scandales Sonatrach». D'ailleurs, à peine installé dans ses nouvelles fonctions, Zerguine a voulu rassurer. Le 17 novembre, il déclarait à l'APS que «Sonatrach n'a pas été ébranlée par ce que vous appelez des scandales. Sonatrach est bien plus forte». Avant d'ajouter que le groupe «a un degré de surveillance de son activité assez élaboré». Cela n'empêchera pas la nouvelle direction de se pencher sur le perfectionnement des processus de gestion interne. Selon les premiers éléments en place, ceux-ci devront passer à une réorganisation graduelle, une refonte des procédures et une décentralisation «mesurée», alliée à un contrôle a posteriori régulier. La modernisation de la gestion de l'entreprise, et plus particulièrement de la ressource humaine reste l'un des axes de travail de la nouvelle direction. Un travail qui ne peut être mis en branle sans un semblant de sérénité. Les premières mesures en ce sens n'ont pas tardé à tomber. Le dernier conseil d'administration du groupe, tenu à la mi-décembre, a été consacré entre autres questions à l'augmentation des différentes indemnités telles que réclamées par les pétroliers. Un plan de développement à l'horizon 2016 La communication et le dialogue permanent entre la direction générale et les travailleurs ont également été mis en avant le 2 janvier par Zerguine dans un discours en interne. Une intervention qui va au-delà des questions purement socioprofessionnelles et table sur la qualification de la ressource humaine comme l'un des principaux défis de la nouvelle direction. Ceci est d'ailleurs l'un des préalables à la réalisation des objectifs stratégiques assignés dans le cade du plan de développement de l'entreprise à moyen terme. Le PMTE 2012-2016, avalisé par le CA et l'Assemblée générale ordinaire au mois de décembre dernier reprend d'ailleurs les grandes lignes de la politique énergétique telle que présentée par le ministre de l'Energie et des Mines. Zerguine et Yousfi se rejoignent d'ailleurs sur la nécessité de développer l'amont et particulièrement l'exploration. Une parfaite connaissance des ressources conventionnelles ou non conventionnelles demeure pour les deux hommes la priorité des priorités. Celle-ci préside à la première des principales orientations du PMTE de Sonatrach. Il est d'ailleurs question en premier lieu d'intensifier, selon les propos du patron du groupe pétrolier repris dans son discours du 2 janvier, les «efforts de prospection et d'exploration, non seulement dans les bassins connus, mais également dans le sud-ouest, le nord du pays et l'offshore», un effort concernera aussi bien les hydrocarbures conventionnels que non conventionnels. Un axe intimement lié au renforcement des capacités de Sonatrach aussi bien techniques qu'humaines, dans les domaines de la géophysique et des services pétroliers. Ceci passe d'ailleurs par la formation et l'amélioration de l'intégration des moyens nationaux aux divers projets de développement. Le plan de développement de la compagnie n'exclut pas pour autant l'aval pétrolier et gazier. Si Zerguine avait affiché, lors de son installation, son ambition de développer ce segment à l'international afin de rattraper certaines positions sur ce marché, les contraintes réglementaires devraient toutefois le pousser à recentrer ses objectifs. Il est ainsi question pour Sonatrach de construire une nouvelle base pétrochimique passant par une réorganisation de ce segment d'activité. Il s'agit, pour l'heure, tel que consigné par le ministre du secteur, de satisfaire la demande nationale en valorisant les ressources en gaz, GPL et condensat. L'activité de raffinage semble d'ailleurs la première concernée par les plans à lancer prochainement dans le cadre de la modernisation de l'outil de production de l'entreprise. Cet axe de travail englobe, également selon Zerguine, un programme plus soutenu de réhabilitation de l'infrastructure de transport par canalisation ainsi que la mise en place «de meilleures conditions de maintenance pour l'outil de production du risque industriel et lui assurer une plus grande durée de vie».