Sonatrach a un nouveau PDG. Nordine Cherouati a été limogé et remplacé par Abdelhamid Zerguine, ancien cadre de Sonatrach ; un changement à la tête de la compagnie nationale intervenu jeudi dernier. Une nouvelle orientation ? Une nouvelle feuille de route pour Sonatrach ?Aussitôt installé, Abdelhamid Zerguine a levé une partie du voile sur ce que sera sa stratégie. Dans un entretien accordé à nos confrères de l'APS, il avance que les priorités qu'il compte mettre en avant consistent à soutenir l'effort de recherche et d'exploration pour conforter les réserves d'hydrocarbures, augmenter la valeur ajoutée dans tous les segments et les démembrements de la société, et travailler pour faire une meilleure intégration des projets énergétiques par les moyens nationaux. Il rejoint, ainsi, les orientations souvent évoquées par le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui veut que Sonatrach se concentre davantage sur l'exploration à l'interne et à l'international, et que l'on fasse la promotion de nos réserves pour attirer plus de compagnies étrangères, parce que les derniers appels d'offres, lancés dans le cadre de la nouvelle législation pétrolière, n'ont pas suscité l'engouement voulu. Ce pourquoi d'ailleurs, certains estiment qu'il y a nécessité de réaménager la nouvelle loi sur les hydrocarbures. M. Zerguine met également en relief la modernisation du groupe Sonatrach, notamment dans les domaines de gestion des ressources humaines, d'audit et d'éthique. Et à l'international ? Le nouveau PDG de Sonatrach semble avoir formulé une réponse quelque peu nuancée à ce sujet. Il a eu cette phrase : «Notre actionnaire (l'Etat) nous a autorisés à investir uniquement dans l'exploration.» Aujourd'hui, Sonatrach est fortement présente à l'international : en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe. Du temps de Chakib Khelil, la compagnie nationale des hydrocarbures tablait sur un objectif de taille : plus de 25% de son chiffre d'affaires devaient provenir de ses activités à l'international. Une ambition revue à la baisse, après l'arrivée de Abdelhamid Zerguine aux commandes de Sonatrach ? Celui-ci va-t-il mettre en veilleuse ce qui a été entrepris par son prédécesseur ? C'est possible.Au chapitre international, Nordine Cherouati avait conclu, début 2011, un accord difficilement négocié avec les Espagnols de Gas Natural : l'entrée de Sonatrach dans le capital de cette société espagnole cotée en Bourse. Aux dires de beaucoup, c'est Gas Natural qui en a tiré le plus de profit. Pourtant, la compagnie nationale des hydrocarbures n'a eu droit qu'à 2% de parts dans Gas Natural, c'est peu. Abdelhamid Zerguine s'est montré serein, usant même de termes lénifiants par moments, quant à la gestion de Sonatrach, de manière générale. Il dira, en outre, que le groupe, fort de sa direction d'audit créée depuis quelques années, connaît aujourd'hui une évolution significative en termes d'organisation. Les procédures (d'attribution de marchés) ont été revues et amendées, conformément aux orientations des pouvoirs publics pour en faire pratiquement une similitude avec le code des marchés publics. Les audits se font actuellement sur la base de ces procédures. Il estime, également, que Sonatrach a actuellement un degré de surveillance de son activité assez élaboré. «Je reprends les déclarations de mes prédécesseurs, qui avaient déclaré solennellement que Sonatrach n'a pas été ébranlée par ce que la presse appelle des scandales», a-t-il noté. Sonatrach est bien plus forte, c'est un groupe qui compte 160 000 travailleurs, et qui regroupe 100 sociétés et filiales. «C'est, ajoute-t-il, malheureux. Ces soubresauts concernent uniquement la gestion de quelques dirigeants. Le groupe n'a jamais été affecté. Je rejette donc cette affirmation, en témoignent les résultats obtenus même durant cette période (de crise) qui sont honorables par rapport aux objectifs fixés.» Sonatrach, deuxième fournisseur de gaz de l'Europe après la Russie, a réalisé pour 59,4 milliards de dollars de chiffres d'affaires durant les dix premiers mois de 2011 (56 mds en 2010). Elle prévoyait pour 2012 un chiffre d'affaires à l'exportation de 72 milliards de dollars. Y. S.