La population a cruellement souffert des affres du froid et de l'isolement lors des dernières chutes de neige. La voie sinueuse et accidentée qui bifurque à partir du village de Bordj Ali en direction du lieudit Tayarraou donne déjà un avant-goût du terrible dénuement dans lequel vit la population de cette partie enclavée de la commune de Settara, à l'est de la wilaya de Jijel. Les maisonnettes éparses de cette bourgade abandonnée au milieu de vastes contrées rurales, endurant misère et privation, sont, avouons-le, un poste avancé de ce qui reste à voir sur la route de l'indigence. Sous le manteau blanc dont il s'est vêtu suite à la tempête de neige qui s'est abattue sur la région, le hameau a subi les affres d'un dur isolement aggravé par la rudesse de cet hiver. Les secouristes ont peiné pour arriver au cœur de la mechta. La neige a tout bloqué, ensevelissant sous une épaisse couche des gens humbles et sans moyens pour se prémunir contre le froid. Bien avant ces perturbations climatiques, aucune infrastructure n'a jamais existé pour soulager la détresse de ces gens accrochés, contre vents et marées, à leurs terres natales. Faute de moyens pour pouvoir s'installer ailleurs, dans des conditions plus supportables, ils ont été contraints de s'adapter à l'épreuve de la vie rudimentaire qu'ils mènent. «Oui, ils manquent de tout», reconnaît, d'emblée, le maire de la commune de Settara. En réponse à une question sur ces affreuses conditions de vie, ce responsable a vite fait de remarquer que le principal souci des habitants reste l'eau potable. Notre interlocuteur évoque d'autres difficultés liées à la nature du terrain, accidenté, et au transport. Les habitants ont unanimement témoigné d'une détresse insupportable. La neige n'a fait qu'accentuer le malaise et la frustration vécus à longueur d'année. L'on apprend, à ce titre, par la voix de certains villageois, que le plus cruel pour eux reste, comme l'a si bien souligné le P/APC, l'approvisionnement en eau potable. «C'est à partir d'un puits d'où s'abreuvent les animaux que les gens boivent; on ne cesse de se bousculer du matin au soir pour quelques jerricans», témoigne-t- on. Le transport scolaire, une salle de soins, ainsi que la réalisation d'une route accessible, restent les vœux pieux d'une population qui n'exige qu'un minimum de commodités pour vivre dignement.