Il y a cinq ans, l'Association algérienne pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine archéologique (AASPPA) s'élevait contre l'état de décrépitude du site historique classé, dans les tablettes de l'Unesco, patrimoine mondial, La Casbah d'Ibn Mezghenna en l'occurrence. On revient chaque année, à l'occasion de la Journée nationale pour rappeler la douleur que vit la cité ancestrale, tiraillée entre l'usure du temps qui l'émiette et l'espoir que nourrissent les défenseurs du patrimoine. Mais les pouvoirs publics, la wilaya et le département de la culture tentent de ravaler la langue aux rabat-joie et rassurer du bien-fondé du plan permanent de sauvegarde dont la phase de restauration, après celle du plan d'urgence qui se résume dans l'opération étaiement, tarde à voir le jour. Tant de programmes de réhabilitation, La Casbah a vu défiler depuis l'indépendance, à travers les Comedor, Ofirac, Ofares et bureaux d'étude qui se sont relayés sans apporter grand-chose, sinon des 1800 bâtisses qui existaient dans les années quatre-vingts du siècle dernier, il n'en subsiste que 500 ou moins, à l'image de la Casbah de Dellys, – aussi ancienne que celle d'Alger – qui ne compte qu'une vingtaine de douérate en bon état, le reste, soit trois cents, ont rendu l'âme ou attendent d'être restaurées depuis 2003, date de leur classement dans le patrimoine national. Dans la foulée, on vient d'avoir vent que quelque 200 familles casbadjies ont formulé le vœu de céder leurs propriétés à l'Etat moyennant finance ou logement, sinon ils seront invités à vider le parquet, le temps de permettre au maître d'œuvre d'entamer la restauration de leurs demeures. C'est une bonne chose et c'est ce qui est souhaitable, pour peu que les dossiers déposés ne moisissent pas dans les tiroirs de l'administration. Au même titre, d'ailleurs, que des locataires qui attendent leur tour depuis des décades pour être relogés une fois pour toutes. Quant aux squatters invétérés qui ont osé défoncer les bâtisses emmurées menaçant ruine, c'est un autre casse-tête qui turlupine les autorités. Ces dernières sont mises devant le fait accompli, celui du cas social que ne manque pas de faire agiter l'indu occupant. Et qu'en est-il de du sort de cette citadelle en friche que les BET dont PKZ, rappelé depuis 2005, à la rescousse pour réactualiser l'étude du palais du Dey pour ne citer que ce bien immeuble ? Les grilles du site qui s'étend sur 1,1 ha demeurent toujours closes depuis trois décades et on ignore l'état d'avancement des travaux après quelque opération impromptue qui s'est révélée viciée, à l'image de l'élimination ou l'endommagement des éléments architectoniques et l'interprétation des espaces intérieurs - sans compter le lanterneau de la mosquée du dey qui gît à même le sol… Mais là, les esprits éminents nous rebattent de manière péremptoire la formule que «ecchiy el mlih î toûl'» (la belle ouvrage exige du temps)...