Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions», disait Isocrate réflexion qui nous renseigne sur la teneur de sa circonspection. Comme elle ne nous renvoie pas moins, soit dit en passant, à la restauration de l'édifice chrétien, la basilique Notre-Dame d'Afrique qui vient de faire peau neuve. Les travaux de réhabilitation qui ont entouré cet ouvrage n'ont pas dépassé trois ans, mobilisant des ressources financières conséquentes, grâce au concours d'institutions publiques, de mécènes et à l'apport de financement d'entreprises privées algériennes qui ne se sont pas montrées chiches. Et la cérémonie d'inauguration, qui a suivi le branle-bas de combat de nos Epic qui se sont démenés, le long du parcours, désormais officiel, explique, peu ou prou, la symbolique que représente le temple de Monseigneur Pavy dans la terre Algérie. Soit. Mais voyons le sort réservé sur l'autre versant où trône la qalaâ jouxtant Djamaâ El Barani, cette «maudite» citadelle dont la restauration fait du surplace depuis plus de trois décennies, après avoir été «désquattée» au milieu des années soixante-dix du siècle dernier. Trente années après, le site historique est toujours cadenassé au citoyen lambda qui ignore le destin réservé à ce patrimoine matériel qui fait partie du fameux Plan permanent de sauvegarde. Les responsables du patrimoine ne pipent mot. Motus et bouche cousue ! L'espace n'est pas prêt à être restitué à la mémoire collective ; ni à nos enfants ni aux potentiels touristes de passage. Et Dieu seul sait combien de chefs de projet et de bureaux d'études ont défilé dans Dar Essoltane, avant que le département de la culture ne confie une nouvelle fois en 2005, au Bet polonais, PKZ, le palais du dey non sans impliquer cinq Bet nationaux dans le reste des modules du site qui s'étend sur 1,2 hectare. On fait, on défait avant de refaire. On crépit avant de décrépir. On colmate les lézardes avec du ciment bâtard, avant de juger opportun d'utiliser le matériau adéquat. On inaugure l'espace d'un temps, les écuries pour abriter les expositions plastiques avant de s'apercevoir des ennuis générés par l'hygrométrie élevée. On démonte le lanterneau de la mosquée du dey pour sa restauration, avant de le laisser couché, abandonné à l'outrage du temps. L'on ne sait plus si les travaux sont menés à pas comptés ou trébuchent ? Une chose est sûre, rien ne presse, car l'on nous serine à l'envi que faire dans la belle ouvrage exige du temps et de la qualification ! Cela peut se prolonger sur trois autres décades encore. Peut-être plus.