Le phénomène des institutions publiques qui se «bunkérisent» a débuté avec les années du terrorisme et s'est accentué après les attentats à la bombe qui ciblaient les commissariats. Les Algérois ne peuvent plus circuler en ville sans buter sur des herses ou des masses en béton qui bloquent le passage vers des institutions publiques. Le tribunal de Sidi M'hamed a été barricadé : l'accès des riverains aux rues de leur quartier n'est plus possible depuis quelques mois. Une pétition a été signée par les habitants pour protester contre la décision de l'administration d'interdire l'accès des véhicules particuliers aux rues de la Liberté et de Strasbourg. Les signataires, qui ont adressé, début février, leur courrier au ministre de la Justice, assurent que la décision est intervenue dernièrement. «Les habitants ne peuvent plus garer leur voiture dans leur quartier. Nous subissons une situation que nous n'avions pas connue du temps des anciens responsables de cette institution qui faisait office de cour de justice», protestent les signataires, qui voient les rues de leur quartier fermées par une décision des responsables du tribunal. Ce qui fait sortir de leurs gonds les protestataires, c'est que l'administration du tribunal réserve des espaces à des étrangers au quartier. «Les habitants sont boutés hors de leur quartier. Les rues sont réservées aux avocats et aux agents des différents services du tribunal. Imaginez notre souffrance lors des différentes occasions, comme les fêtes, les décès et autres», s'indignent les habitants, privés d'un droit légitime. L'administration du tribunal semble n'avoir cure des doléances des riverains. «Nos réclamations n'ont jamais été prises en compte, ni par le procureur de la République ni par l'officier de police ou le responsable de la sécurité», regrettent les protestataires, qui souhaitent une intervention rapide du garde des Sceaux pour rendre aux habitants leurs rues. Institutions fermées ! Cette situation est la même devant chaque institution publique, aux abords du siège de la wilaya d'Alger, devant l'APN, le Sénat et les différentes banques publiques. Les commissariats et les brigades de gendarmerie sont protégés par des blocs de béton, au grand dam des riverains et des simples piétons ou conducteurs. Au Ruisseau, les voisins du commissariat, situé à la rue Mohamed Belouizdad, protestent contre la décision de la police de barricader l'entrée du commissariat et de bloquer l'accès aux trottoirs. «Les habitants ne peuvent plus emprunter les trottoirs de leur quartier. La police y gare ses véhicules matin et soir, mais ce qui m'agace le plus, c'est qu'ils ramènent les voitures de leurs copains et c'est toute une partie du trottoir qui est occupée. Les retraités, les femmes qui partent au marché situé plus bas, sont obligés de marcher sur la chaussée, avec tous les dangers qu'ils encourent», s'indigne un riverain, qui a plusieurs fois signalé ce fait aux responsables hiérarchiques des policiers du Ruisseau, sans que ces derniers daignent réagir. Le phénomène des institutions publiques qui se «bunkérisent» a débuté avec les années du terrorisme, mais il s'est accentué après les attentats à la bombe qui ciblaient les commissariats. «Avec la levée de l'état d'urgence, j'ai espéré que les routes allaient à nouveau être rouvertes aux citoyens, mais je ne faisais que m'illusionner. La Douane a pris les escaliers du jardin, plus loin c'est le gouvernement qui a accaparé des espaces, et je doute fort qu'ils les restituent aux citoyens», s'indigne un retraité attablé avec ses amis à l'intérieur du jardin floral d'Alger-Centre, dont une partie a été carrément fermée aux piétons par la direction générale des Douanes nationales. Même les APC se mettent de la partie A Mohammadia, des rues, aux abords de l'APC et celles menant à la cité des 618 Logements située à proximité de la brigade de gendarmerie, ont été fermées à la circulation.