Le groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Tamanrasset a été la cible d'un attentat kamikaze, hier matin vers 7h30. Une explosion, la première du genre dans la région, qui a semé une panique sans pareille non seulement parmi le corps de la gendarmerie, mais aussi chez les habitants de toute la ville. Les citoyens sont sérieusement ébranlés, choqués à l'idée de croire que leur paisible ville n'est pas à l'abri des attentats terroristes. Sur place, le constat est atterrant. Le kamikaze s'est fait exploser en s'enfonçant à vive allure dans l'enceinte du groupement, avant de percuter les véhicules de l'institution stationnés dans la cour, couverte de gravats. L'explosion a éventré toute la partie du mur de clôture qui donne sur le cimetière, brisé l'ensemble des fenêtres de l'administration, située à l'entrée et fait un trou béant dans l'enceinte même. De plus, trois véhicules de l'institution sont partis en fumée lors de la détonation qui a causé également des fissures aux murs des pavillons adjacents. Le premier responsable de la wilaya, qui s'est déplacé sur les lieux, a eu à se rendre compte des dommages «Cette attentat nous a choqués. On ne peut pas imaginer un tel incident dans une ville qui a toujours été marquée par la sérénité. Ce que nous voyons sur les chaînes étrangères sur les pays en guerre s'est produit aujourd'hui à Tamanrasset, qui vient de recevoir un coup dur.» «J'habite à quelques mètres et ma demeure, décrépite et déjà fragilisée par le poids des années, a violemment tremblé», raconte un habitant de la cité Tahaggart, les pieds nus, oubliant, dans la panique, d'enfiler ses espadrilles. La zone de l'attentat a été strictement interdite aux passants, aux badauds et même aux journalistes. «Tahaggart est le symbole de Tamanrasset. Cet attentat n'a pas affecté les gendarmes seulement mais aussi les habitants de cette antique cité qui ont toujours préservé les valeurs et les repères de leurs ancêtres touareg de l'Ahaggar. On n'est pas ici par simple curiosité, mais pour transmettre un message de solidarité aux éléments de la gendarmerie ainsi qu'aux familles des civils blessés», souligne un autre habitant de Tahaggart. Et son voisin d'enchaîner : «C'est un moment difficile. Le problème ne sera pas digéré facilement. Les Touareg de Tamanrasset n'ont pas l'habitude d'assister aux attentats terroristes. Même avec les soubresauts ayant secoué les pays voisins, la ville a toujours gardé sa quiétude. Du moins jusqu'à aujourd'hui, puisque ce que c'est passé ce matin a malheureusement tout compromis.» «Depuis le matin, mon portable n'a pas cessé de sonner. On nous appelle de partout pour s'enquérir de la situation. Je ne sais plus quoi dire ni quoi faire pour mes enfants qui étudient à l'université d'Alger. Je les ai pourtant rassurés. La maison a tremblé sous l'effet de l'explosion, mais sans pour autant faire de dégâts», dit un père de famille qui regarde l'avenir avec beaucoup d'appréhension.