Vingt jours après son déclenchement, le mouvement de protestation des étudiants de l'université Abderahmane Mira de Béjaïa semble n'avoir rien perdu de son souffle. Hier encore, ils sont sortis plus nombreux que lors des deux précédentes manifestations pour revendiquer, une fois de plus, dans la rue, l'hébergement des étudiants que l'on appelle SDF. La marche, bruyante, est déclenchée alors que l'université est quasiment paralysée depuis le 23 janvier dernier par le mot d'ordre de grève décrété par les comités estudiantins. Le ton est cette fois-ci durci. « Le mouvement s'amplifie. S'il venait à déraper, nous en dégageons toute responsabilité », prévient un orateur sur une tribune sur laquelle se sont succédé des étudiants impétueux et résolument engagés « à aller jusqu'au bout ». On laisse entendre une occupation de force des nouveaux blocs de la cité universitaire des 1000 lits, que l'on a déjà investis lors d'une marche de protestation. Dans le discours des orateurs, hier, le verbe était acerbe envers les pouvoirs publics et la tutelle, auxquels ils reprochent l'« absence de volonté de régler le problème ». La crise perdure malgré la présence, la semaine dernière, d'une délégation ministérielle qui a fait le déplacement à Béjaïa non sans provoquer, apprennent des étudiants, un mouvement parmi quelques responsables des cités U et des services des œuvres universitaires. « Ils nous ont promis de régler le problème avant de se réunir avec des interlocuteurs qui n'ont pas été mandatés par les étudiants », nous dit un représentant des étudiants. Selon lui, la solution dégagée à la faveur du déplacement de la délégation ministérielle a consisté en la signature de décisions d'hébergement pour les plus de 1000 étudiants non hébergés affectés aux cinq cités universitaires de la ville. « 200 étudiants ont été destinés à être hébergés dans notre cité qui porte déjà plus de résidents qu'il n'en faut », nous affirme, plaignant, un représentant du comité de la cité de 17 Octobre 1961. « Où allons-nous les installer, nous sommes déjà en surcharge », ajoute son camarade de la cité des 1000 lits, qui parle de plus de 200 étudiants bénéficiaires des mêmes décisions. La solution ne convainc pas les protestataires qui reste convaincus que la solution passe inéluctablement par l'ouverture des nouveaux blocs.