Donald Rumsfeld est à Alger, représentant officiellement son pays, parmi les plus guerriers du monde. Si son prénom évoque plus un dessin animé, américain bien sûr, le ministre de la Défense représente pourtant la plus grande puissance de feu de toute l'histoire. Que lui dire en tant qu'Algérien ? Rien. Qu'il y a bien une place Kennedy et un boulevard Roosevelt à Alger. Que les relations entre les USA et l'Algérie ont toujours été bonnes, de la régence turque jusqu'à la découverte du pétrole dans le Sahara. Ce ne sont pourtant pas les mêmes Etats-Unis, ceux d'avant la Seconde Guerre mondiale, puissance scientifique, qui, à part leur propre pays indien, n'ont colonisé personne, à l'inverse des pays européens. Ce ne sont plus les Etats-Unis défenseurs des libertés, du droit des peuples et des minorités. Un effrayant listing montre, d'ailleurs, que, depuis 1945, les Etats-Unis ont bombardé 23 fois un pays souverain. La Chine de 1945 à 1946 et la Corée de 1950 à 1953. Le Guatemala en 1954, l'Indonésie en 1958, Cuba de 1959 à 1960, le Guatemala encore en 1960, le Congo en 1964 et le Pérou en 1965. Le Vietnam, bien sûr, de 1961 à 1973, causant deux millions de morts, le Laos de 1964 à 1973, le Guatemala de 1967 à 1969, le Cambodge entre 1969 et 1970, le Salvador et le Nicaragua en 1980, Grenade en 1983 et la Libye en 1986. Panama en 1989, faisant 2000 morts, la Bosnie en 1995, le Soudan et l'Afghanistan en 1998. L'Irak, bien sûr, de 1991 à 2005, causant au moins 200.000 morts, la Yougoslavie en 1999 et l'Afghanistan de nouveau en 2001, en attendant les nouveaux bombardements qui se dessinent. Avec cette longue série d'attaques et de morts, que dire à Rumsfeld à Alger ? Rien, puisqu'il n'y a rien à dire. Pas plus que d'appeler au boycott des produits américains. Brûler du Danois ? C'est plus facile. Désarmer l'Iran ? Non, désarmer d'abord les Etats-Unis.