Très discret et rarement au centre d'une polémique, Ahmed Edaber, l'amenokal des Touareg, en a surpris plus d'un. Il a décidé, hier, de ne pas se représenter aux prochaines élections législatives, tout en poursuivant son activité partisane au sein du RND. Contacté, l'amenokal explique que sa décision a été «mûrement réfléchie» et «n'obéit à aucun mot d'ordre politique, électif ou partisan». Selon lui, «elle répond à la nécessité de respecter mon statut d'amenokal et, à ce titre, être à l'écoute de toutes les franges de la communauté». Il refuse de la lier aux événements qui secouent depuis quelques jours son parti à Tamanrasset, mais souligne qu'«elle aidera à plus de sérénité». Des propos qui laissent les plus avertis sur leur faim d'autant que c'est la première fois dans l'histoire des législatives que l'amenokal de Tamanrasset ne sera pas parmi les candidats. Quelle incidence cette décision aura-t-elle ? La réponse est difficile à avoir pour l'instant. Ce qui est certain, c'est que le retrait de l'amenokal de la liste des candidats à la députation intervient au moment où Tamanrasset vit de graves problèmes liés non seulement à la sécurité, mais aussi aux événements qui secouent ses frontières avec le Mali et la Libye. D'un côté un afflux massif de réfugiés maliens fuyant les combats entre le Mouvement national de libération de l'Azawad et l'armée malienne et, d'un autre, l'intrusion de terroristes d'Al Qaîda dans cette ville censée être la plus sécurisée du sud du pays. Sur la scène politique, les militants du RND assiègent le bureau de leur parti depuis jeudi dernier. Ils exigent du secrétaire général, Ahmed Ouyahia, de revoir la liste des candidats à la députation élaborée par leur coordinateur local. Selon eux, les candidats ne répondent pas aux critères de représentativité, de crédibilité et de compétence. Pour eux, de nombreux noms sont connus comme étant «de gros bonnets de l'argent sale, alors que d'autres ne sont que des étrangers qui ont acheté la nationalité algérienne». En clair, les protestataires ont alerté sur ce qu'ils appellent la politique de la «ch'kara» (sac d'argent). Selon eux, «le coordinateur est devenu un instrument au service de la mafia, alors que les instances du parti sont prises en otages par ceux qui papillonnent d'un parti à un autre et marchandent l'honneur des gens». Jusqu'en fin de journée, le siège du coordinateur était toujours occupé par les protestataires. Une première occupation des locaux du RND a eu lieu en début de semaine dernière, mais n'a pas eu l'écho escompté. Jeudi dernier, les contestataires sont revenus sur le terrain, exigeant des dirigeants du RND de prendre les mesures nécessaires sous peine de démission collective. Ce qui a mis l'amenokal dans une situation des plus difficiles. Lui-même avait dénoncé, il y a plus d'un an, la situation qui prévaut dans sa région, en insistant sur la mise à l'écart des jeunes par les autorités. Peut-on croire que c'est cette rude mise à l'épreuve qui a été à l'origine de son retrait de la députation ? On n'en sait rien. Ce qui est certain, c'est que la ville de Tamanrasset est en ébullition. La virulente réaction de ses notables n'est pas fortuite. Elle illustre la crainte de voir cette région sombrer dans l'incertitude, d'autant que le mythe d'une ville très sécurisée vient d'être battu en brèche par l'attentat kamikaze qui a ciblé l'imposant siège du groupement de la gendarmerie, il y a quelques jours. Un attentat commis par deux présumés Maliens et dont les circonstances suscitent encore de lourdes interrogations.