L'invitation adressée aux grandes tribus du désert, lundi dernier, à partir de Tombouctou (nord du Mali), par le guide de la Révolution libyenne, Mouammar El Kadhadi, pour bâtir « un grand Sahara » restera sans aucun doute dans les annales de l'histoire. Cela non pas pour le succès qu'elle connaît. En ce sens, c'est plutôt le contraire qui s'est produit. Les historiens et les chroniqueurs de presse se souviendront surtout de la célérité avec laquelle celle-ci a été enterrée. Et ainsi qu'il fallait s'y attendre, le rejet le plus résolu et le plus franc au projet du colonel El Kadhafi est venu de l'Amenokal des Touareg, en personne. Sollicité, durant le week-end, à Tamanrasset où il vit avec sa famille, pour avoir son opinion sur l'idée du colonel El Kadhafi de convaincre les grandes tribus du désert (dont celle des Touareg) de « reconstituer le Grand Sahara », à travers la signature d'un pacte, le « responsable du Hoggar », Ahmed Edaber, n'a pas eu besoin de réfléchir pour donner sa réponse. D'une voix sûre et tranchante, le regard foudroyant et le doigt pointé vers le ciel, l'Amenokal des Touareg a tenu à se faire définitivement comprendre : « Que les étrangers ne comptent pas sur moi pour remettre en cause le serment prêté par l'Amenokal Bey, au moment où le colonialisme français cherchait à diviser le Sahara, de veiller à garder l'Algérie une et indivisible. » « C'est ma position et ce sera ma position », a-t-il fermement déclaré. Par conséquent, a-t-il souligné, « en ma qualité de responsable du Hoggar, j'interdis à un quelconque Président et à n'importe qui d'autre de venir discuter avec moi sans avoir eu au préalable l'autorisation de mon président Abdelaziz Bouteflika ». Et de préciser encore : « Je ne parlerai à un étranger que si le président Bouteflika me le demandait. » Assurant qu'il n'accordait aucune importance à l'annonce faite par le Guide de la Révolution libyenne, Ahmed Edaber a insisté sur l'idée, par ailleurs, qu'il s'opposera « à l'intervention des étrangers par Aïn Guezzam ou par le Sahara ». « Seul un Algérien a le droit de rentrer par Aïn Guezzam », a-t-il poursuivi. Profitant de l'opportunité, le guide des Touareg a appelé « les jeunes Algériens à honorer le sang versé par les chouhada et à ne pas oublier les immenses sacrifices consentis par les moudjahidine pour que vive une Algérie une et indivisible ». A ce propos, il rappellera la résistance farouche opposée par l'Amenokal Bey Ag Akhamoukh, à la fin des années 1950, au projet de la France de diviser le Sahara algérien. « Je reste plus que jamais fidèle au principe, défendu par l'Amenokal Bey, de l'indivisibilité du territoire. Je refuse toute intervention étrangère à partir du Sahara », a-t-il martelé une nouvelle fois avec force. Et de conclure : « Mon pays est l'Algérie et restera l'Algérie. Je suis au service de l'Algérie. » Message d'El Kadhafi à Bouteflika Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a reçu un message adressé par le Guide de la Révolution libyenne, le colonel Maâmar El Kadhafi, alors qu'il traversait l'espace aérien algérien, en provenance du Mali pour regagner Tripoli. « Alors que nous traversons de nouveau l'espace aérien de l'Algérie frère pour regagner (la Libye), nous vous adressons nos salutations et nos souhaits de santé, de bonheur et de succès », écrit le colonel El Kadhafi dans son message. (APS)