Le collectif réclame les arriérés de salaires impayés de 1994 au 31 mai 2003 et l'application de la convention de branches signée en avril 2004. Les travailleurs de l'Etablissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH) réclament leurs droits sociaux après la fermeture de l'établissement qui constituait leur unique source de revenu. Après la fermeture des unités de production employant près de 3000 personnes, en majorité des non-voyants, les travailleurs ont été contraints au départ volontaire ou à la retraite. La fermeture, qui s'était faite de façon progressive après la venue du dernier directeur, en 2009, selon les travailleurs, a été rendue officielle par décret exécutif en novembre 2011. «Les travailleurs n'ont pas perçu leurs droits et toutes les portes sont fermées devant nous, que ce soit au niveau de l'administration ou de l'inspection du travail, sous prétexte que le dossier est définitivement clos», expliquent les travailleurs non voyants, dans une pétition signée par leurs représentants qui se sont constitués en collectif pour la défense de leurs droits. Ce collectif réclame les arriérés de salaires impayés de 1994 au 31 mai 2003 et l'application de la convention de branche signée en avril 2004. Il revendique aussi le paiement des salaires durant la période allant du blocage des paies, en juillet 2009, jusqu'au mois de novembre 2011, date de la promulgation du décret ainsi que l'assainissement de la situation des salariés concernant les primes et indemnités. Il faut savoir que l'EPIH était constituée conformément à une convention signée le 25 décembre 1991 entre le ministère du Travail et des Affaires sociales et l'Organisation nationale des non-voyants algériens, propriétaire des ateliers Onabros, qui a cédé la gestion à l'EPIH. Ces ateliers ont été créés en 1963 et permettaient aux non-voyants algériens de «trouver leur équilibre psychologique et matériel et une intégration totale dans le milieu du travail», assure le collectif des représentants de ces travailleurs. L'Algérie disposait d'une trentaine d'ateliers employant près de 3000 travailleurs avec une capacité de production de 12 millions d'unités. Les produits étaient essentiellement des brosses et des balais. «L'Organisation nationale des non-voyants a pu régler les problèmes de ce type de handicapés, puisqu'ils jouissaient d'une vie tout à fait normale, avec la possibilité de montrer leur capacité de travail et les répercussions matérielles dont ils jouissaient», expliquent les travailleurs dans le même document. «Cette situation ayant prévalu avant la création de l'EPIH a tourné au fiasco avec la méthode de gestion prônée, consistant notamment au plafonnement des salaires et au recours à l'assistanat pour le fonctionnement de l'entreprise au lieu des règles de la productivité et de la compétitivité», accusent les travailleurs. Les cinq directeurs qui se sont succédé à l'EPIH n'ont pas pu redorer le bilan de l'entreprise. «Les travailleurs ont toujours réclamé une protection juridique de leur activité de l'invasion des produits importés. Des dizaines de grèves et de rassemblements ont été organisés, mais aucun écho n'a été donné par les pouvoirs publics», affirment les représentants des travailleurs, qui s'en remettent aujourd'hui au président de la République afin, écrivent-ils, «que nos salaires soient payés et que nos droits recouvrés».