Dimanche, tous les accès menant à l'université de Blida étaient fermés par les travailleurs protestataires qui réclament depuis le 19 février, à travers plusieurs mouvements de protestation, le départ immédiat et inconditionnel de l'ex-secrétaire général puis conseiller du recteur de la même université. Le recteur, dont on exige aussi le départ, a même été empêché de rejoindre son bureau et aucun cours n'a été assuré. Cette nouvelle tournure prise par le mouvement de protestation est le résultat inéluctable de la non-tenue, d'après les contestataires, des engagements du recteur de l'université de Blida quant à la signature du document qui devait citer nommément le départ inconditionnel de son actuel conseiller. «Le recteur a promis, jeudi passé, de signer la décision de fin de fonction de son conseiller. Deux jours après, soit samedi, il est revenu sur son engagement en nous proposant une déclaration de sa part dans un délai de 48 heures mais à condition de mettre fin au mouvement de protestation. Plus tard, une autre version nous est parvenue, cette fois par le biais des médiateurs qui nous ont parlé d'une soi-disant démission du mis en cause, mais nous n'avons rien vu à ce jour et nous ne comprenons pas le pourquoi de cette volonté de temporiser et de vouloir faire durer cette situation inacceptable. On veut quelque chose d'officiel sur le départ de cette personne contestée. Comment expliquez-vous qu'un ex-secrétaire général se mêle de questions liées à la pédagogie ? C'est lui qui attribue des notes de rendement aux doyens, c'est lui qui traite les transferts, les inscriptions, les post-graduations. Il est allé jusqu'à se mêler de la moyenne de rachat», nous dit-on sur place. Hier, selon des protestataires, il n'y a eu ni intervention de la force publique pour rouvrir l'université ni visite du wali de Blida qui était «occupé» à installer la commission locale des élections. Conférence de presse du recteur Lors d'une conférence de presse organisée dans l'urgence et exceptionnellement à la direction des œuvres universitaires (l'université étant fermée), Baba Ahmed Abdellatif, recteur de l'université de Blida, n'a pas cessé de s'interroger sur la persistance du mouvement de protestation alors que le conseiller décrié a jeté l'éponge : «Le conseiller faisant l'objet de tous ces mouvements de protestation a démissionné il y a quelques jours et j'ai même fait un écrit officiel dans ce sens. Que cherchent-ils au juste ?» Le conférencier a ajouté que les mouvements de protestation sont illégaux vu la décision de justice du 26 février dernier, stipulant l'ouverture des portes d'accès à l'université «sinon, ces perturbateurs, qui constituent une minorité absolue par rapport à l'effectif global de l'université, risquent une amende de 5000 DA/jour». M. Baba Ahmed, professeur de chimie reconnu à l'échelle mondiale, est revenu sur la genèse de l'affaire en déclarant qu'une aile illégale de l'organisation syndicale Snapap, non reconnue par les services de la DRAG de la wilaya de Blida, a voulu organiser une assemblée générale dans l'illégalité. «Empêchés de le faire, des syndicalistes non reconnus ont commencé à semer la zizanie en signe de représailles. Etant convaincus qu'ils activaient dans la clandestinité, ils se sont donc effacés pour récupérer par la suite les mouvements de protestation au nom des travailleurs», a-t-il insisté. Le recteur de l'université de Blida regrette le fait qu'il n'a reçu aucune requête officielle de la part des protestataires : «On est quand même dans une institution qui se respecte. Il fallait au moins écrire au rectorat ou déposer une plainte contre la personne décriée. La manière utilisée par les protestataires est très anarchique. Dans une administration, il faut écrire avant d'agir.» Et de conclure : «A mon arrivée en 2006 à la tête de l'université de Blida, j'ai trouvé cet établissement dans le chaos à cause notamment des grèves du CNES. Il n' y avait ni chauffage, ni eau, ni éclairage. Je me suis donné à fond, au détriment de ma santé et de ma famille, pour réhabiliter cette université. J'ai déposé une vingtaine de plaintes au niveau de la justice concernant des dossiers douteux dont j'ai hérité. Il me semble que je dérange certaines personnes, ce qui explique ces mouvements.»