Les Etats-Unis devront étudier l'approbation de ventes d'armes et de haute technologie militaire à l'Algérie, a déclaré le secrétaire américain d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, aux journalistes à bord de l'avion qui l'emmenait d'Alger vers Rabat, le 12 février, dans le cadre de sa tournée qui l'avait également mené à Tunis. Le site web de la radio Voice of America précise également que le gouvernement algérien serait en train de plancher sur les demandes US concernant les garanties de non réexportation de la technologie militaire américaine. Rumsfeld a déclaré au New York Times qu'il avait discuté à Alger - lors d'une visite de 5 heures et demie - avec le président Abdelaziz Bouteflika des possibilités de ventes d'armes. Aspect qui a été qualifié par des officiels US approchés par le New York Times comme un « effort américain grandissant pour construire un partenariat militaire ». Aucune précision sur la nature des équipements militaires concernés n'a été apportée par le secrétaire d'Etat aux journalistes. « Ils veulent des choses et nous avons des choses qui peuvent les aider », a laconiquement indiqué Rumsfeld, réputé pour ses boutades, aux journalistes l'accompagnant vers Rabat. Selon une source du Pentagone citée par le même quotidien, l'Algérie serait intéressée par des équipements de vision nocturne et d'hélicoptères de combat à basse altitude, utiles notamment en milieu désertique. « Les officiels américains insistent pour que n'importe quelles ventes d'armes doivent commencer lentement pour, d'une part, ne pas effrayer les pays voisins de l'Algérie et pour éviter qu'augmentent les inquiétudes du Congress concernant l'armement d'un pays avec un pauvre registre au point de vue des droits de l'homme », révèle le New York Times dont le correspondant à Rabat estime que « l'Algérie a de grandes ambitions ». « Les Etats-Unis encouragent la coopération entre l'Algérie et le Maroc ainsi qu'avec la Tunisie, mais la controverse de longue date autour du Sahara-Occidental a été un élément d'hésitation », a indiqué un collaborateur de Rumsfeld à Reuters lors du déplacement vers Rabat. L'Algérie, à en croire le quotidien américain, serait également intéressée par le remplacement de sa flotte aérienne militaire, exclusivement russe, qui serait « vieillissante », selon les termes du NYT. La Russie serait en train d'étudier des contrats d'armes avec l'Algérie englobant les derniers avions de chasse MIG ainsi que des chars et des équipements militaires divers, note le New York Times. « Ils (les Algériens) veulent remplacer leurs avions, mais je ne crois pas que cela est du domaine du possible pour le moment », a confié à Reuters un officiel US accompagnant Rumsfeld dans sa tournée maghrébine, précisant que toute vente devrait concerner la lutte anti-terroriste. Selon des sources à Alger, la coopération militaire entre l'Algérie et les Etats-Unis sera pour une grande part concentrée sur la formation des cadres militaires algériens dans le double cadre, d'une part, de la nouvelle stratégie américaine de la « global war », basée sur l'essaimage des forces d'intervention face à un ennemi diffus et mobile, et de l'acquisition algérienne de nouvelle technologie d'armement, de l'autre. A l'avenir, des sessions d'entraînement et de formation se densifieront ainsi que, probablement, le lancement de manœuvres communes, selon nos sources. A rappeler que les deux parties avaient déjà coopéré, en juin 2005, dans le cadre des manœuvres militaires Flintlock 2005, opération à laquelle ont participé d'autres pays dont le Sénégal, la Tunisie, le Niger, le Nigeria, le Mali, la Mauritanie et le Maroc. L'armée algérienne a également pris part à des exercices militaires en Ukraine en 2005. La venue de Donald Rumsfeld en Algérie a été précédée par celle du général d'armée Charles F. Wald, adjoint au commandant des forces armées américaines en Europe (EUCOM), stationné à Stuttgart en Allemagne, et par celle du directeur du FBI, Robert S. Mueller. L'Algérie, selon des sources diplomatiques, est perçue par l'EUCOM comme « partenaire clef » dans la région de l'Afrique du Nord dans le cadre de « la guerre globale » contre le terrorisme, l'EUCOM estimant que l'Algérie a prouvé sa capacité et ses succès dans son combat contre le terrorisme.La tournée de Rumsfeld au Maghreb fait suite à sa participation à une réunion avec ses homologues de l'Otan et des pays du Dialogue méditerranéen, les 9 et 10 février en Sicile (Italie) sur l'Afghanistan et la mise sur pied d'une force de réaction rapide opérationnelle d'ici l'automne 2006. La Tunisie, l'Algérie et le Maroc sont membres du « Dialogue méditerranéen » de l'Otan.