L'arrivée hier en Algérie de Jack Straw, responsable du Foreign Office dans le gouvernement Tony Blair, est sans doute loin d'être un simple crochet de courtoisie. Les services de l'ambassade du Royaume-Uni n'hésitent pas à la présenter comme une visite "pratique et concrète". Les mots sont évidemment bien pesés par les Britishs sachant parfaitement que les Algériens n'aiment pas forcément les chassés croisés diplomatiques sans lendemain. L'effet d'annonce est donc évident. Jack Straw dont c'est la première visite chez nous d'une personnalité de ce rang du gouvernement de Sa Majesté depuis justement l'arrivée de la reine Elisabeth en 1980, vient fêter les retrouvailles algéro-britanniques. Mais pas seulement. L'agenda du ministre des Affaires étrangères de ce pays est assez lourd. Il doit d'abord être reçu ce matin par le président de la République à qui il devrait transmettre l'invitation de Tony Blair pour une visite d'Etat à Londres. Jack Straw s'isolera après avec son homologue Mohamed Bedjaoui pour parler politique et bizness. Il sera notamment question de la coopération dans le domaine du commerce, de la justice, de l'éducation, de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. Le chef du foreign office rencontrera peu après les membres de l'association des hommes d'affaires britanniques à Alger pour leur donner des consignes. Le feu vert ? Et pour détendre un peu l'atmosphère liée à la vague d'indignation sur l'affaire des caricatures, le ministre britannique fera cet après-midi un pèlerinage à la grande mosquée d'Alger en compagnie du ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah. Au-delà de la belle architecture turque qu'il aura à apprécier, cette visite est peut-être une manière de signifier que le Royaume-Uni ne partage pas les commentaires de la presse européenne sur l'Islam et le Prophète (QSSSL). La symbolique du geste est très significative dans une conjoncture marquée par un anti-occidentalisme parfois primaire. Jack Straw a évidemment autre chose de plus important à régler à Alger. C'est du moins ce que déclare l'ambassadeur de ce pays Son Excellence Andrew Tésorière qui, dans un communiqué rendu public hier, qualifie la visite d'« importante ». Mieux encore, l'ambassadeur annonce qu'elle sera l'occasion de « divulguer des détails sur quelques étapes claires et pratiques reflétant l'engagement fort du Royaume-Uni envers ces relations avec l'Algérie ». Pour lui, notre pays est un " acteur important dans la région et dans le monde " mais aussi un partenaire stratégique du Royaume-Uni “dans les domaines de la politique, des affaires, de l'énergie ainsi que des secteurs humains.” L'ambassade britannique se fait fort de noter qu'elle détient le plus gros investissement étranger en Algérie avec 4 milliards de dollars grâce à British Petroleum qui opère dans les hydrocarbures. Elle rappelle également que la firme Glaxo Smith Kline a démarré sa production de plusieurs produits pharmaceutiques dans son usine de Boudouaou. Sur le plan consulaire, la représentation diplomatique annonce la prochaine réouverture des services des visas le temps de trouver un siège. Dans cet élan marquant les retrouvailles, on annonce officiellement la réouverture du British Council au mois d'avril de cette année. Au plan économique, la même source révèle que le gouvernement britannique a proposé à son homologue algérien la création d'une commission ministérielle et s'engage à aider notre pays à accéder à l'OMC et même à lutter contre l'épidémie de la grippe aviaire. C'est dire que la visite de Jack Straw qui sera suivie d'une conférence de presse cette après-midi ouvre une nouvelle page dans les relations entre Alger et Londres.