Qui croire, le responsable du secteur, ou les pêcheurs ? Le premier affirme que la pêche n'est pas en crise, alors que les seconds s'alarment sur l'état de leur métier et appellent à une solution urgente pour sortir du marasme. Interrogé en marge de la tenue de la fête du poisson, à Jijel, au début de cette semaine, le directeur de la pêche et des ressources halieutiques soutient mordicus que son secteur n'est nullement confronté à un quelconque problème, même si le commun des consommateurs n'est plus en mesure de s'offrir la sardine à 350 DA le kilo. «Nous, on ne vend pas, on produit; la sardine est vendue deux à trois fois son prix de quai», lance ce responsable, insinuant dans ce sens que c'est la spéculation qui est derrière cette hausse. Selon lui, le prix du poisson obéit à la même donne qui a conduit à la flambée du prix de la pomme de terre dans les marchés. Allant plus loin dans ces propos, ce responsable indique que son secteur a enregistré un rendement plus important au premier trimestre de cette année par rapport à la même période de l'année 2011. Quant à l'argument de la sur-pêche et la population des fonds marins qui seraient à l'origine de la hausse des prix, notre interlocuteur affirme que les côtes jijeliennes sont les plus propres d'Algérie et qu'elles regorgent de poisson! Sur les quais du port de pêche de Boudis, à Jijel, ou celui de Ziama Mansouriah, les pêcheurs n'entendent pas de cette oreille ces propos, ils avancent leurs propres explications. Ils décrètent haut et fort que le secteur est à l'agonie et qu'il n'y a plus autant de poisson qu'avant. La pollution est l'autre argument avancé par les concernés. «On ne ramène plus dans nos filets que des pneus, des amas de plastique et un tas d'autres détritus; les sorties de pêche se soldent le plus souvent par des pertes», assurent-ils. Des pêcheurs, qui se disent au bord de la faillite, affirment qu'ils ne supportent plus le prix du carburant qui leur revient cher. Ils réclament une subvention du prix du mazout pour alléger leurs dépenses et appellent à des concertations pour trouver des solutions à même de rendre le poisson abordable.