Les pêcheurs et les armateurs imputent la hausse vertigineuse des prix des produits de la mer — la sardine notamment qui a atteint ces derniers mois 250 à 300 DA le kilo — à la baisse de la production qui affecte la Méditerranée. Ils parlent d'un «massacre» écologique, provoqué par la pêche irrégulière, l'utilisation de la dynamite en mer et l'anarchie régnant dans les ports. La hausse des prix du poisson, qui se vend actuellement de 250 à 300 DA le kilo, risque de s'inscrire dans la durée. Selon les professionnels du secteur, cette disette s'explique principalement par le fait que la production nationale du poisson est en baisse permanente. Réunis hier à Alger dans le cadre d'une réunion extraordinaire de la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture (Capa), les membres de cet organisme (administrateurs, armateurs et pêcheurs) ont fait un constat alarmant. Une telle situation,à savoir la baisse de la production halieutique, est le résultat d'une multitude de facteurs. «Les pêcheurs sortent chaque jour, avec tous les dangers et les coûts y afférents et reviennent bredouilles», a affirmé Toufik Rahmani, directeur général de la Capa, tout en mettant en cause les effets des changements climatiques et les intempéries sur l'émigration du poisson de la Méditerranée. En conséquence, le prix du poisson a augmenté du fait de la croissance de la demande et de la baisse de l'offre. Cependant, les armateurs et les pêcheurs n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer ce qu'ils appellent «le massacre de la mer». Ils ont catégoriquement démenti l'information selon laquelle ils ne pêchent pas de poisson pour maintenir les prix en hausse. «On vous invite à faire le constat vous-mêmes à bord de nos bateaux. Il n'y a pas de poisson !», a tonné un pêcheur tout en déplorant les conditions difficiles dans lesquelles évoluent ses collègues. Pour ces professionnels, la baisse de la production est liée à la prolifération de la pêche à la dynamite surtout auprès des sardiniers, l'absence du contrôle favorisant la pêche illicite et irrégulière et l'anarchie la plus absolue qui règne dans les ports de pêche. «Il n'y a aucune organisation dans les ports de pêche. Les heures de rentrées et de sorties à la mer ne sont pas fixées, d'où une anarchie totale», a indiqué un armateur. Les pêcheurs ont mis également en cause le partenariat algéro-espagnol dans le domaine de la pêche. «Les Espagnols ont massacré notre mer et ils sont partis», a dénoncé un autre. Selon lui, les gros moyens que ces étrangers mobilisent et la pêche à la nasse qu'ils pratiquent, ont beaucoup nui au potentiel national aquacole. Concernant la question relative aux prix des produits, les pêcheurs l'imputent aux mandataires et à l'existence de nombreux intermédiaires dans le circuit de la distribution. «Les pêcheurs déposent les quantités de poisson pêchées au niveau des halles et c'est aux mandataires de les commercialiser en les vendant aux enchères», a expliqué le président de la chambre de la pêche de Aïn Témouchent. «S'il y en a qui prennent des marges bénéficiaires sur le dos des citoyens, il y a des services qui doivent s'occuper des prix», a conclu, par ailleurs, M. Rahmani faisant allusion aux services du commerce et du contrôle des prix. L'aquaculture : une alternative n «L'aquaculture est l'alternative pour faire face à la baisse de production du poisson dans notre pays», a affirmé, hier, Mohamed Moulaye, deuxième vice-président de la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture. Selon lui, 800 tonnes de poisson blanc (Tilapia) issues de l'élevage aquacole seront mises sur les étals du marché à partir du mois d'avril prochain. Cette quantité importante sera produite par cinq fermes aquacoles dont trois à Ouargla et les deux autres à Relizane et Sidi Bel Abbes. Une quantité, a indiqué notre interlocuteur, qui devra passer à 1 300 tonnes l'année prochaine.