Invraisemblable ! Des centaines de kilos d'ordures stagnent aux multiples arrêts de ce qui ressemble à une gare routière, carrefour de diverses villes du pays. Tout juste à côté des noms de lieux qui font penser à l'air pur, à l'oxygénation, à la respiration saine tels le complexe olympique Tchaker, le Club hippique ou l'ex-station du téléphérique, des collines pour l'instant de détritus de toutes sortes jonchent le sol de l'aire de rotation des taxis long courrier et des bus, sans que les responsables ne s'émeuvent. Vitrine d'une commune où arrivent des étudiants, des commerçants, des industriels, des jeunes du service national ou des transitaires pour la capitale, la gare routière d'une superficie de 2 ha semble abandonnée à l'anarchie et même les chats et chiens errants n'osent plus rôder du côté des estaminets et gargotes voulant faire croire à des espaces de restauration rapide. Dépotoir du marché Guessab voisin, la gare des voyageurs (sic) est installée dans un provisoire qui dure. C'était le parking du complexe Tchaker où les milliers de spectateurs pouvaient trouver un espace protégé à leurs véhicules ; ce lieu s'installe dans la durée comme relais à des voyageurs humiliés. Les émanations pestilentielles inévitables à la cage thoracique de ces citoyens débouchent certainement sur des maladies, mais qui aura l'audace d'incriminer cette décharge ? Quelle association civique ou quel élu a introduit une plainte pour carence grave dans la mission des gestionnaires de la cité ? Le tort causé à l'image de la ville auprès des visiteurs possède un prix : qui le paiera ? Une mère attendant le départ d'un taxi pour Laghouat se lamente : « Mes deux enfants ne peuvent plus respirer et l'un d'eux refuse même d'aller pisser au pied de ces ordures. » Ces dernières étaient à deux mètres du taxi à qui manquait une place pour prendre le départ. Plus loin, un étudiant en magistère affirme : « Il est impossible que des responsables natifs de la ville ou simplement amoureux de la nature acceptent cet état. » Un regard en travelling de cet amoncellement de déchets faisait penser à un décor de cinéma, mais la réalité des odeurs imposait la réalité d'un documentaire sur un des aspects de la vie dans un pays où l'irresponsabilité trône.