Depuis la mémorable épopée de l'affaire FAF-RCK, les Algériens ont fait connaissance avec la ville de Lausanne en Suisse, siège du Tribunal arbitral sportif. Il est vrai qu'aujourd'hui en Algérie, on a tendance à rattacher le nom de Lausanne de tribunal, tant l'aliénation avec la justice était forte. Ce temple salvateur des Koubéens n'est autre qu'un admirable château à toit vert bouteille, situé dans le quartier résidentiel de Béthusy, perché sur les hauteurs de Lausanne. C'est là que le sort du RC Kouba a été scellé conformément à la réglementation. Lausanne, voilà un nom qui sonne « juste » pour les Algériens. Aussi, pour donner une idée sur la vue aérienne de cette ville Suisse qui embrasse le lac Léman, la plus grande étendue d'eau d'Europe occidentale, disons qu'elle ressemble à Alger qui plonge vers sa baie. Cependant, détrompons-nous, car en « zoomant » pour voir de près les détails, nous nous rendrons compte que notre capitale, en dehors de son aspect carte-postale, a énormément à envier à Lausanne. Tout est ordonné dans cette ville du canton suisse, tout est propre et nous vous avertissons d'emblée, qu'il est impensable de traverser une rue si le feu vert piétons ne signale pas le passage, cela même si aucun véhicule n'apparaît à l'horizon. Il faut savoir que Lausanne est le fief des feux rouges, ils se dressent comme des champignons à chaque coin de rue. La vie est très paisible, on pourrait dire que c'est un grand centre à ciel ouvert pour personnes de 3e âge. Les retraités de cette ville peuvent être heureux, leur quiétude est toutefois perturbée par des cortèges de mariages qui ne diffèrent pas trop des nôtres. Imaginez un peu la scène. Une dizaine de voitures se distinguant par une baguette sur le toit, portant une fleur en tissu blanc roulent à vive allure. L'habitude veut qu'on cède le passage au cortège klaxonnant à toute allure. La détente un plat quotidien Lausanne s'étale sur une quarantaine de kilomètres, occupant ainsi une superficie de presque 300 km2, allant de 375 m à 900 m d'altitude. Sur sa partie plane, longeant le lac Léman, on compte plusieurs ports de plaisance, tout comme Sidi Fredj. Sur l'autre bord du lac se dessine comme dans un décor de fond de toile une chaîne de hautes montagnes qui fait écran à une vue d'horizon lointain. Seul un bateau-mouche vous fait découvrir les secrets de l‘autre rive, une belle balade nautique en somme. Ce qui frappe à Lausanne, c'est le nombre de terrains de football en gazon naturel, à faire languir n'importe quel club algérien de DI et où des jeunes et moins jeunes s'adonnent à leur sport favori en tapant dans un ballon ou en disputant un match entre copains. D'autres empruntent des pistes cyclables et font des kilomètres sur leurs deux roues, en toute quiétude sans être gênés par des véhicules et des mordus de patins ou de skate-board en grand nombre s'exercant à faire des prouesses. Ne vous étonnez point si vous croisez un vieux ou une vieille poussant sur une trottinette, sans complexe aucun. Le jogging et la marche sportive sont monnaie courante et ce ne sont pas les chemins boisées qui font défaut. D'ailleurs, en cette période estivale, il fait bon de les emprunter en écrasant le gazon, un tapis… vert dégageant des senteurs chlorophylle. Nous savons tous que le Comité olympique international a son siège dans cette ville helvétique, plus exactement dans la banlieue, au quartier résidentiel de Vidy. L'édifice de cette haute instance olympique est adossé au lac Léman dans un bel espace vert. Mais ce que nous ignorons peut-être, c'est la présence dans cette ville de pas moins de 19 fédérations sportives internationales et d'une vingtaine d'instances internationales spécialisées comme le TAS, Solidarité olympique ou l'académie. Il est vrai qu'à chaque coin de rue votre attention est attirée par les plaques de signalisation et d'indication de ces instances sportives. De ce point de vue, on a l'impression d'être dans un village olympique en période de jeux. Le plus impressionnant des sites, est le musée olympique qui domine de ses hauteurs la jetée du lac Léman, là où les amoureux et les romantiques viennent s'abreuver de la douceur du moment où de la nature. Le musée olympique recèle tous les objets de fameux hommes et femmes qui ont réalisé des performances remarquables ou ont marqué leur époque par leur force et leurs records impressionnants. D'ailleurs, juste à l'entrée du musée, vous passez sous la barre des 2,45 m franchie par le Cubain Sotomayor. Là, le premier choc, comment est-ce possible qu'un homme saute aussi haut. A l'intérieur du musée, plusieurs donations de pays en matériel et souvenirs. En ce qui concerne l'Algérie, on trouve dans la zone philatélie, des timbres de notre pays commémorant divers Jeux olympiques ou le centenaire du CIO. Il faut dire que Lausanne est aussi la ville des musées, on en compte des dizaines. Avec un rien, on fait un musée, tout est exploité. A titre d'exemple, on a déterré un petit pan de mur romain et c'est tout un musée qui se dresse. Une pierre par-ci et un morceau de poterie par-là et le tour est joué pour donner d'abord une histoire à « Lousonna » qui deviendra Lausanne par la suite et avoir une source financière pour la ville. Qu'auraient-ils fait si Tipaza et Timgad leurs appartenaient ? Malek et les autres Les Lausannois ont quelque chose de spécial, ils ont un tempérament similaire à celui des Méditerranéens, ils sont en plus très gentils et pas du tout racistes. Même si au départ ils sont parfois retranchés derrière une réserve placée sous le signe de la méfiance, ils ne tarderont pas à vous exprimer leur gratitude et leur accueil. C'est peut-être pour cela que l'on compte un grand nombre de réfugiés provenant de l'Ethiopie ou de l'Erythrée exerçant souvent dans la restauration. Aussi, c'est une manière suisse de démontrer au monde que leur pays abrite la fameuse ONG de la Croix-Rouge. Il y a aussi beaucoup de Latinos. Ne vous étonnez pas si à Lausanne on parle après le français, l'espagnol, et ce n'est pas l'allemand qui vient en seconde position. En ce qui concerne nos compatriotes, on les trouve du côté de la mosquée de la gare, là où prêche un imam algérien. Ils sont là à papoter sur le bled, nostalgie oblige. Malek, réceptionniste dans un hôtel et originaire d'Azzefoune, ne fait pas partie de ce lot d'émigrés. Il nous dira qu'il y a huit ans, il est venu à Lausanne pour terminer ses études universitaires, Master en sciences économiques et suite à des problèmes financiers, il a dû abandonner, il nous ajoutera que la vie est chère et que tout est taxé, même la radio de sa voiture. En dehors de ses heures de travail, Malek passe son temps à se détendre comme tous les Lausannois à faire du jogging et à respirer l'oxygène pur de cette nature exceptionnelle que lui offre cette ville.