Les cinq pays émergents qui forment le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont franchi une nouvelle étape dans la constitution d'une force d'équilibre pour la refondation des relations internationales. C'est à la faveur de la crise financière de 2008, qui s'est transformée en crise économique mondiale, que l'idée d'une plus grande participation des pays émergents à la gestion des problèmes internationaux, qu'ils soient d'ordre économique ou politique, s'est forgée. On se rappelle que le débat sur les problèmes de la crise s'était élargi aux pays du G20. Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine rejoints par l'Afrique du Sud avaient été sollicités pour participer à la lutte contre la crise. Depuis, et alors que la reprise de l'économie américaine reste fragile et qu'une sévère crise de l'endettement touche l'Europe, les pays du BRICS, qui représentent 27% du PIB mondial et regroupent 40% de la population de la planète, ont multiplié les initiatives pour trouver des solutions aux risques face au dollar et à l'endettement européen. La Chine avait déjà ralenti les placements de ses réserves de change en dollars, même si elles restent supérieures à 3000 milliards de dollars. Plusieurs échanges commerciaux entre ces pays ont été établis en dehors de la monnaie américaine. Lors de leur dernière réunion à New Delhi où étaient présents les cinq chefs d'Etat, ils ont franchi une nouvelle étape pour constituer un bloc qui ferait contrepoids pour défendre leurs intérêts en définissant leur regroupement comme le «Partenariat des BRICS pour la stabilité, la sécurité et la prospérité dans le monde». Actuellement, leur principale inquiétude est constituée par «les liquidités excessives émanant de la politique agressive prise par les banques centrales pour stabiliser leurs économies» qui «sont en train de se répandre dans les économies des marchés émergents». Ils y voient le risque d'un «flux volatile de capitaux» qui créerait une bulle. Pour se prémunir de ce risque, les pays du BRICS ont décidé de faire passer le volume de leurs échanges commerciaux de 280 milliards de dollars à 500 milliards d'ici 2015 avec la signature d'un accord général sur l'octroi de crédits en monnaies nationales et un accord multilatéral de confirmation des lettres de crédit pour renforcer le rôle des monnaies nationales dans leurs règlements réciproques. De même qu'ils ont décidé d'étudier la création d'une banque de développement Sud-Sud pour financer les grands projets d'infrastructures et aider, avec des crédits, les pays pauvres. Dans les faits, les pays du BRICS sont en train de se constituer en véritable pôle pour faire contrepoids et défendre leurs intérêts économiques face à la puissance des Etats-Unis et de l'Europe et aux risques induits par la structure du système financier mondial.