Réunis, jeudi dernier, à New Delhi pour un sommet d'un seul jour, les chefs d'Etat du Brésil, de Russie, d'Inde, de Chine, et d'Afrique du Sud (BRICS) ont publié une déclaration sur un large éventail de dossiers internationaux dont la stabilité, la sécurité et la prospérité. Défis économiques Ce quatrième sommet des BRICS survient à un moment crucial pour le groupe, car l'économie mondiale doit encore surmonter de diverses difficultés, liées notamment à des systèmes financiers toujours fragiles, des dettes publiques et privées élevées, des forts taux de chômage et la hausse des prix du pétrole. Totalisant 43% de la population du monde et assurant l'essentiel de la croissance mondiale, les BRICS transforment progressivement leur force économique en influence sur la scène internationale. Les BRICS insistent notamment sur une réforme urgente des organisations financières internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI). Les pays émergents en forte croissance, que sont les BRICS, se préoccupent du fait que la réforme actuelle du système économique et financier mondial est trop lente et ne prend pas dûment en compte leur rôle. Selon la déclaration finale du sommet des BRICS, le FMI "doit mieux refléter la voix et le poids" de tous ses membres. Les BRICS ont signé un accord général sur l'octroi de crédits en monnaies nationales et un accord multilatéral de confirmation des lettres de crédit afin de renforcer le rôle des monnaies nationales dans leurs règlements réciproques. Les ministres des Finances des cinq pays ont également été chargés d'examiner "la faisabilité et la viabilité" d'un projet de création d'une banque de développement "sud-sud" pour financer les infrastructures et l'innovation dans les pays en développement. Pour une nouvelle banque et inquiets des "excès de liquidité" Les cinq grands pays émergents du bloc des "Brics", ont plaidé jeudi pour la création d'une nouvelle banque de développement et ont exprimé leur inquiétude concernant les excès de liquidités dans le système financier mondial provoqués par les politiques des pays riches. La présidente du Brésil Dilma Rousseff, le Russe Dmitri Medvedev, le Chinois Hu Jintao et le Sud-Africain Jacob Zuma, ainsi que le Premier ministre indien, Manmohan Singh, se sont rencontrés pour le quatrième sommet des "Brics" (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud), à New Delhi. "Les liquidités excessives émanant de la politique agressive prise par les banques centrales pour stabiliser leurs économies sont en train de se répandre dans les économies des marchés émergents", a relevé dans sa déclaration finale le bloc, qui totalise près de 20% de la croissance mondiale. Pour stimuler une croissance atone, les banques centrales des économies développées ont réduit leurs principaux taux d'intérêt et injecté des milliards de dollars dans le système bancaire. "Nous pensons qu'il est essentiel que les économies développées adoptent des politiques macroéconomiques et financières responsables, qu'elles évitent de créer des liquidités mondiales excessives et entreprennent des réformes structurelles pour aider la croissance, créatrice d'emplois", ont-ils ajouté. "Nous attirons l'attention sur les risques d'un important et volatile flux de capitaux auquel font face les économies émergentes", a insisté le bloc. Les marchés émergents craignent que les nouvelles liquidités injectées dans le système bancaire des pays riches servent à acheter des actifs dans les pays en développement, risquant de créer une bulle et d'entraîner de la volatilité dans les taux de change. Les cinq pays membres des Brics, dont le nom est né en 2001 sous la plume d'un économiste de la banque d'investissement Goldman Sachs pour désigner des pays connaissant une forte croissance, ont vu leurs échanges commerciaux bondir l'an dernier de 28% pour atteindre 230 milliards de dollars. Ils ont aussi plaidé pour la création d'une banque visant à financer des projets d'infrastructure et de développement, les bases d'une telle institution envisagée comme contrepoint à la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement restant toutefois encore floues. Selon la déclaration, les ministres des Finances vont examiner "la faisabilité et la viabilité" d'une telle proposition. Cette idée avait déjà été débattue sous le nom de "South-South Bank" ou "Brics Bank". Le président sud-africain, Jacob Zuma, a affirmé que cette banque était une idée saluée par d'autres dirigeants africains, qui y voient une nouvelle source de financement pour des projets d'infrastructures clé. "Une telle banque a un fort potentiel pour nous aider à créer de bons emplois", a-t-il estimé. Le ministre brésilien du Commerce, Fernando Pimentel, avait pour sa part estimé mercredi que la banque "serait un outil financier très puissant pour améliorer les possibilités commerciales et peut-être une étape majeure pour soutenir l'Union européenne dans ses efforts pour surmonter la crise financière". Les Brics, qui veulent aussi asseoir leur influence diplomatique, ont par ailleurs unanimement estimé que seul le dialogue pouvait résoudre la violence en Syrie et la crise avec l'Iran sur son programme nucléaire controversé. "Nous sommes d'accord sur le fait qu'une solution en Syrie et en Iran peut seulement être trouvée via le dialogue", a annoncé le Premier ministre indien Manmohan Singh.