Prévue initialement à partir d'hier, la grève à laquelle a appelé le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) n'aura lieu qu'à partir du 15 avril, en vertu d'un préavis de grève déposé hier par le syndicat. «Ce n'est pas un report, mais une stratégie menée par notre syndicat pour éviter de tomber sous le coup de la loi après la décision de justice obtenue par le ministère de la Santé contre le SNPSSP considérant la grève précédente (20, 21, 22 avril) qui devait être suivie d'un débrayage à partir d'hier comme étant illégale», a expliqué le Dr Yousfi, président du SNPSSP, lors d'un point de presse organisé hier au siège du syndicat. Ce dernier est donc contraint de «jouer» avec les dates pour éviter la «machine répressive» à la laquelle fait appel le ministre Ould Abbès à chaque préavis de grève. Entre autres mesures prônées par le ministère, des ponctions sur salaire et «une tentative de discréditation auprès de l'opinion publique», souligne M. Yousfi. Le conférencier est revenu sur les dernières déclarations du ministre de la Santé qui avait considéré que les revendications des spécialistes comme prises en charge. Pour le SNPSSP, il s'agit d'une fuite en avant et d'un déni de droit. «M. Ould Abbès a renié ses propres engagements en consacrant la discrimination en matière d'imposition et en réfutant l'idée d'une révision du statut particulier, alors que dans la Fonction publique, plusieurs départements ont procédé à la révision des statuts de plusieurs corporations». Pour le SNPSSP, ce sont des «tentatives de stigmatisation» des cadres dirigeants du syndicat, en prétendant que ces derniers chercheraient à acquérir de nouveaux privilèges et qu'ils seraient loin de représenter la corporation. Le SNPSSP dénonce l'attitude de la tutelle consistant, d'une part, à ignorer les revendications des médecins spécialistes, même après les différentes grèves menées, et d'autre part, à affirmer via les médias lourds que le ministère a déployé tous les moyens pour mener un dialogue avec les syndicats et à améliorer leurs conditions socioprofessionnelles. «Rien n'a été fait depuis l'installation de M. Ould Abbès à la tête du ministère. Au contraire, les hôpitaux se vident de leurs spécialistes et les besoins élémentaires pour la prise en charge des malades font énormément défaut. Une rupture de stocks sans précédent empêche les médecins à soigner leurs malades», rappelle le Dr Yousfi. Il faut rappeler que les revendications des praticiens portent, notamment, sur l'amendement du statut particulier, la suppression de la discrimination en matière d'imposition (IRG), les primes et indemnités versées par le secteur de la santé aux praticiens spécialistes hospitalo-universitaires (10%) et aux praticiens spécialistes de santé publique (35%), ainsi que la révision du régime indemnitaire suivant les projets arrêtés conjointement par le ministère de la Santé et le SNPSSP. Ces revendications sont également liées à la mise en application des mesures incitatives concernant le service civil, le respect de la réglementation en matière de carte sanitaire pour les services de santé publique et en matière de présence des praticiens spécialistes de santé publique dans les comités médicaux existant déjà ou nouvellement créés. Le syndicat exige aussi un quota de logements de fonction.