Les enquêtes des services de sécurité sur l'utilisation des deniers publics à El Tarf, déclenchées depuis une quinzaine de jours, se poursuivent dans la discrétion. Les informations dont nous disposons n'ont pu être recoupées que grâce aux déplacements des brigades d'enquêteurs, des témoins dans les administrations concernées et de personnalités locales au courant de certains faits. Les enquêtes se focalisent sur les secteurs et administrations qui ont bénéficié de grosses enveloppes pour les équipements et les infrastructures de travaux publics. Selon une source digne de foi, l'ouverture d'enquêtes sur l'utilisation des deniers publics a été ordonnée par le ministre de la Justice. Ce qui corrobore les déclarations de Tayeb Belaïz, qui révélait récemment à la presse que certaines wilayas allaient être passées au crible. Les observateurs font également un rapprochement avec les déclarations du président de la République lors de son discours devant les cadres de la nation le 7 avril 2005, dans lequel il a mis en garde les commis de l'Etat sur l'utilisation frauduleuse des deniers publics en soulignant particulièrement la gestion des marchés publics. On indique encore que des personnes, écartée de gré ou de force de leurs fonctions pour ne pas avoir à tremper dans des affaires louches, se sont portées volontaires pour apporter leur témoignages aux enquêteurs sur des malversations au sein de leur administration. On est par contre sans nouvelles des protagonistes incontournables qu'on dit réfugiés à l'étranger. A l'opposé, des milieux agissent pour tenter de contenir et contrecarrer l'impact salutaire provoqué par cette avalanche d'enquêtes à tous les niveaux. On tente de minismiser les choses en traverstissant l'information. La presse locale a eu à éviter ce genre de manipulations en boycottant une session extraordinaire de l'APW classée confidentielle (?) transformée au dernier moment en tournée du wali. Les journalistes ont été confortés dans leur décision lorsqu'ils ont également pu constater l'absence des services de sécurité habituels. La famille révolutionnaire a été mise en branle pour commémorer la journée nationale du chahid, ce qui serait tout à fait normal s'il elle ne venait pas à être sanctionnée par une déclaration de soutien. Tronquer l'information, c'est aussi bâillonner la presse locale, une dizaine de titres, qui rapporte au quotidien le cours des événements. Le harcèlement est permanent. Pour la rue tenue en haleine, une seule crainte, celle d'une nouvelle désillusion, d'un autre désespoir.