Une gare routière qui s'apparente plutôt à un marais, à un matériel vétuste et à un comportement qui frise le mépris de la part des exploitants : tous les ingrédients sont réunis pour provoquer un mécontentement général vis-à-vis de toutes les parties impliquées dans le chapitre. On reproche notamment à l'APC de ne pas consentir suffisamment d'efforts pour améliorer la station qui ne nécessite pourtant pas beaucoup de travaux. « Il suffit qu'elle soit totalement revêtue de bitume et qu'elle soit dotée d'abribus pour permettre aux voyageurs de s'abriter. Dans la situation actuelle, à chaque saison son lot de souffrances ; pendant l'hiver, c'est la pluie et la boue, et en été, c'est le soleil et la poussière », dit un habitué des transports publics de Hammadi. Mais le P/APC M. Rebahi se défend et déclare que le problème est pris en charge. « Une nouvelle gare routière est en cours de construction sur l'évitement de la ville non loin du siège de l'APC. Elle sera livrée dans quelques mois seulement. Par conséquent, nous n'avons pas jugé utile de réhabiliter la station actuelle puisqu'elle cessera d'être exploitée dans peu de temps », a-t-il dit. Le P/APC nous explique qu'il faut beaucoup de moyens dont l'APC ne dispose pas, souligne-t-il, pour adapter cette gare aux besoins des voyageurs. Ce pourquoi l'assemblée a préféré la délocaliser et construire un marché à sa place, dit M. Rebahi. Un autre problème dont se plaignent les voyageurs : « L'état de dégradation des bus et fourgons utilisés. » « On dirait que Hammadi accueille tout ce qui tombe en désuétude ailleurs. On a beau parler de contrôle technique, de règles strictes et de conditions pour l'autorisation d'exploitation, la réalité est tout autre. Regardez ce bus qui s'apprête à quitter la station pour Boumerdès, vieux, bon pour la casse et bondé de monde », nous dit un citoyen qui s'offusque du fait qu'« il y a là un manque de considération criant pour le voyageur ». Notre interlocuteur estime que « ces vieux cars ne doivent plus être utilisés car ils représentent un danger réel pour le citoyen ». « Je ne suis pas sûr qu'un bus des années 1970 ait toutes ses fonctions aujourd'hui après plus de 30 ans d'usage effréné. A l'intérieur, ça sent la fumée et le carburant et c'est plein de poussière. Pis encore, on le surcharge de voyageurs au mépris des usagers et de la loi. Mais ils ne sont jamais inquiétés ! », ajoute notre interlocuteur. Une jeune fille est toute remontée contre ces arrêts qu'on marque à tout coin de rue. « Il suffit qu'il y ait quelqu'un au bord de la route pour faire au conducteur le signe de s'arrêter pour le prendre. Peu importe s'il y a de la place ou non. Parfois, vous avez autant de voyageurs debout que d'assis », dit-elle avec, bien entendu, une sorte d'exagération qui en dit long sur son « ras-le-bol ». Pour éviter d'être bousculée, elle prend ses « précautions ». « Pour me soustraire à tout cela, je dois toujours monter parmi les premiers pour avoir une place loin du couloir de passage des voyageurs. Ce qui m'oblige à attendre, lorsque je tombe au mauvais moment. Mais c'est un sacrifice, et je préfère ainsi », dit-elle. « Les transporteurs de Hammadi imposent les prix qu'ils veulent, que vous prenez le bus pour un kilomètre ou dix c'est la même chose et dans la plupart des cas, on ne vous remet pas de tickets », nous dit un autre. Un autre objet de plainte des citoyens de Hammadi, c'est l'absence d'une ligne directe vers le chef-lieu de wilaya, Boumerdès. « J'y travaille et je ne peux pas échapper à l'obligation de faire escale à Rouiba à l'aller et au retour. Je ne comprends pas ce qu'on attend pour ouvrir une ligne directe. ça nous ferait gagner du temps et probablement de l'argent puisque, logiquement, cela doit revenir un peu moins cher », nous dit un habitant de Hammadi qui travaille à Boumerdès. Les transporteurs, eux, se plaignent presque des même problèmes : la station, le difficile accès aux crédits pour le renouvellement de leur véhicule et la « contrainte » de surcharge. « C'est grâce à nos démarches auprès des autorités qu'une nouvelle gare est en construction. Cela rend à la fois service aux voyageurs et aux transporteurs. Cela ne nous fait pas plaisir de travailler dans pareilles conditions », nous dit-on. Pour ce qui est de la vétusté de leur matériel, ils rétorquent : « Il ne faut quand même pas généraliser ! Tenez, voyez combien de bus flambant neufs sont introduits ces derniers mois. Avec un peu plus de souplesse dans la procédure de crédits bancaires, je suis sûr que la quasi- totalité des transporteurs opteront pour des véhicules neufs. » Quant à la surcharge, elle est perçue, par les transporteurs et même certains usagers, comme un « service » rendu aux citoyens qui résident loin de la station de départ. « Imaginez que tout le monde refuse de prendre quelqu'un qui attend le transport le matin pour rejoindre son lieu de travail ou le soir pour rentrer chez lui. Ce sont des gens qui sont généralement loin des stations, et nous estimons que cela ne lèse pas trop les autres usagers. Chacun de nous à la place de cette catégorie de voyageurs aurait plaidé pour un traitement exceptionnel », dit un transporteur qui assure la liaison Rouiba-Hammadi. Mais d'autres citoyens estiment que « de nombreux transporteurs exploitent la fibre sentimentale pour exploiter le citoyen ». « Si c'est pour rendre service à ces rares voyageurs qui sont contraints d'attendre loin des arrêts, pourquoi surcharge-t-on cars et fourgons à partir de la station de départ ? », s'interroge-t-on.