La Cinémathèque algérienne a accueilli, hier, le réalisateur Hamid Ben Amra et ses dernières œuvres, des portraits ou plutôt des tranches de vie, de quatre personnes différentes : deux artistes peintres, Mohamed Aksouk et Mustapha Boutagine, et deux danseuses, Soraya Baghdadi et Joe Coco. Un point commun entre ses personnages ? Aucun. Chacun son histoire, chacun sa vie. Mais ils ont tous quelque chose à dire ou à montrer. Caméra à l'épaule, Hamid Ben Amra les filme avec simplicité : zoom, plans serrés et plans panoramiques. La caméra ne prend pas beaucoup de liberté, aucune intrusion ne lui est permise. La pudeur est de mise. On retrouve, d'abord, Mohamed Aksouk dans Jardin de toiles où l'artiste est filmé avec beaucoup de pudeur dans son atelier, son élément. Il raconte avec simplicité comment il en est arrivé à la peinture et comment il conçoit le fait de ne pas gagner sa vie grâce à sa passion. Celle-ci est pour lui une nécessité. Il est forgeron serrurier, et c'est ce qui lui permet de continuer à peindre ses toiles. Des toiles qui ont bien plus à dire lorsqu'elles se font que lorsqu'elles sont achevées. Installé en France, l'artiste avoue qu'il a quitté l'Algérie pour mieux parler d'elle. Le deuxième film consacré à Mustapha Boutagine est intitulé Bouts de vie, Bouts de rêves. Le montage haché rime bien avec les travaux de cet artiste, des portraits d'hommes et de femmes engagés, effectués avec des bouts de magazines de luxe. Un travail minutieux, puisqu'il doit jouer avec les couleurs, les tons et les nuances pour obtenir les bonnes expressions et les regards qu'il souhaite. A chacun son travail. Hamid Ben Amra le film devant ses œuvres ou conduisant sa voiture et use de différentes musiques et plans de coupe pour illustrer les portraits de l'artiste, selon leur nationalité et leur vécu. Le troisième portrait, Diwane, est celui de Soraya Baghdadi, une danseuse qui excelle dans le déhanchement oriental. Pour cette tranche de vie, les mots sont rares. Seule la caméra suit et poursuit la danseuse dans ses mouvements, ses glissements et ses déhanchements sensuels. Les mots cèdent leur place à la musique, tantôt orientale, tantôt maghrébine. Tout est dit. Enfin, Peau dense, le portrait de Joe Coco, une danseuse noire du Moulin rouge. Une danseuse pour qui la peau est tantôt un atour, tantôt un poids lourd à porter. Elle raconte sa passion, ses difficultés, ses origines multiples... face à l'objectif d'une caméra pudique mais charmée. Pour cette femme, danser c'est mettre un continent en lumière. Le sien, c'est son corps. Ce corps qui lui permet d'être chez elle partout où elle est...