« J'ai voulu montrer des choses que je fais avec passion et les partager avec les miens», dira ce cinéaste qui a la caméra dans la peau... Hamid Ben Amra est un cinéaste algérien des plus prolifiques, hélas, méconnu en Algérie. Peut-être car un peu trop discret? A 17 ans, il a déjà à son actif six films réalisés entre 1981 et 1985 dont on peut citer les titres: Pour une vie meilleure (55 minutes) c'est l'histoire de quatre copains qui grandissent dans un quartier populaire qui s'appelle La Glacière. En grandissant, ils prennent des chemins différents. C'est un film prémonitoire. Un film sur la réalité d'un tournage, le sien. Un an après, il réalise De la vie des amateurs (60 minutes), puis un film raté «sur la difficulté d'un réalisateur de faire un film en Algérie». Le quatrième film, tourné à Bruxelles est Histoire off (26 minutes), toujours sur le rapport d'un cinéaste avec son public et sa propre personne, «c'était un film sur l'introspection d'un cinéaste» d'autres suivront dont on peut citer Une manière de vivre, sur le karaté et sa symbolique d'être sa propre arme, avec seulement son corps. Un sujet qui tient à coeur à notre réalisateur, lui-même ancien sportif ayant grandi avec le karaté. D'ailleurs, il est prévu de réaliser un documentaire sur son maître Nouri Mahfoud, mais aussi sur un autre, un Français, Daniel Baure. «J'ai intitulé le film: Main nue, c'est-à-dire une main pacifique qui ne porte pas d'armes. C'est un film qui mettra au-devant ce sport comme prétexte. C'est pour dire à tout le monde que si on n'est pas armé intellectuellement, on ne peut pas s'en sortir». D'autres projets sont en cours de réalisation, notamment un portrait sur le comédien Salah Terkouk et bien d'autres. C'est dire que le cinéma est une seconde nature chez ce Hamid Ben Amra qui ne manque pas d'idées ni de volonté pour dépasser ces obstacles que rencontre un cinéaste. Et c'est tout naturellement que cet enfant de La Glacière est revenu «remercier» la cinémathèque algérienne, cette salle obscure, qui lui a insufflé, quand il était tout petit, cette passion pour le 7e art. Alors, dans l'espoir d'être reconnu parmi les siens même s'il connaît la valeur de son travail, estime-t-il, il est venu présenter hier, quatre de ses récents films tournés en à peine 6 mois. Un exploit pour ainsi dire. Il s'agit de Jardin de toiles (19 minutes) sur l'artiste peintre Mohamed Aksouk et Bouts de vie, bouts de rêves (25 minutes), un portrait du plasticien spécialisé dans le graphisme et le collage Mustapha Boutadjine. Suivront deux autres films sur deux danseuses, l'une orientale Soraya Baghdadi et l'autre Coco, au Moulin-Rouge , une Française mi-africaine, mi-indienne. «J'ai voulu montrer des choses que je fais avec passion et les partager avec les miens» dira-t-il à la fin de la projection. Le réalisateur se plaît ,fera-t-il remarquer, à rendre compte d'une «réalité soignée» qu'il filme, avec délicatesse mais sans effort, car cela vient, précise-t-il, de façon naturelle, au gré des rencontres... C'est pourquoi, Hamid Ben Amra privilégie l'image qu'il renvoie de façon bien spéciale, un peu hachurée, notamment lorsqu'il s'agit de Boutadjine. Pour lui, l'image suffit à tout dire, donc pas besoin de voix off. «En tant que cinéaste, c'est une fenêtre que j'ouvre aux artistes notamment aux plasticiens qu'on n'entend pas beaucoup s'exprimer. C'est ma façon de sauvegarder notre culture, notre patrimoine», dira le réalisateur qui, faut-il le noter, se déplace souvent avec son matériel et caméra qu'il met simplement dans son sac. Alors, qui a dit qu'il faut beaucoup de moyens pour faire un film? Hamid Ben Amra est véritablement la preuve vivante et tangible qu'avec peu de moyens on peut réaliser des produits commerciaux. De qualité. Aujourd'hui Hamid Ben Amra voudrait bien que ses films soient vus par le plus grand nombre de personnes, mais également travailler à produire des films ici, tel est son souhait...