Deux artistes peintres, deux manières différentes d'appréhender la peinture. Mais la même quête de personnages pour le cinéaste Hamid Ben Amara qui dit préférer la notion de cinéaste indépendant à celui d'amateur. De ces rencontres d'avec les peintres, “caméra toujours en main”, des courts métrages ont été réalisés. Ces deux courts ont été projetés, hier, à la cinémathèque d'Alger en présence du réalisateur. Peintre non figuratif, né à Alger en 1934 et installé en France depuis 1965, Mohamed Aksouh, parle de son art avec beaucoup de “pudeur”. Avec beaucoup de philosophie, le peintre reconnaît qu'“on ne peut pas dire à quelqu'un qui a faim de s'intéresser à la peinture. Mais je ne peux pas non plus attendre qu'il n'ait plus faim pour que moi je fasse de la peinture”. Mais de sa peinture, Jardin de toiles, titre du documentaire qui lui est consacré, d'une durée de 19 minutes, ne dévoile, en de très courtes séquences, que quelques images furtives qui laissent cependant entrevoir qu'elle (sa peinture) ne cherche pas à représenter le monde tel qu'il s'offre au premier regard et n'a cure de la réalité visuelle des choses. Mustapha Boutadjine, lui, préfère “détruire pour reconstruire”. Moustaches en guidon, l'artiste a choisi les magazines de luxe qu'il lacère pour réaliser son Black is toujours beautiful, une galerie de portraits de personnages noirs africains et américains, qui ont tant fait pour l'affranchissement de l'homme de toutes sortes d'aliénations. À commencer par Frantz Fanon : “C'est lui qui, le premier, m'a fait prendre conscience des luttes pour la libération”, dit-il dans Bouts de vies, bouts de rêves, de Hamid Ben Amara qui dure 25 minutes. Ces portraits sont le résultat de collages sur un dessin initialement exécuté, de coupures de revues dont les “papiers” n'ont apparemment aucune relation avec le parcours des personnages figurés. Entre les deux peintres, entre l'abstrait et le réel, la caméra de Hamid Ben Amara a exécuté un bien sympathique travelling. SAMIR BENMALEK