Mémoire n Deux courts métrages - genre reportage-documentaire ? étaient, samedi, à l?affiche de la cinémathèque d?Alger. Deux films qui retracent deux parcours : ils racontent deux artistes-peintres vivant en «exil». En effet, ces deux films, réalisés par Hamid Benamra, se veulent, selon le réalisateur, «des rencontres insolites», car ils cernent deux artistes, contraints, par les vicissitudes et les aléas de la vie, à aller sous d'autres cieux pour exercer leurs talents et concrétiser leurs rêves d'artistes. Le premier, Jardin de toiles, parle d?un artiste-peintre algérien, Mohamed Aksouk, qui, très tôt, juste après l?indépendance, a quitté son pays, l?Algérie, pour aller vivre en France. «J?ai quitté l?Algérie pour mieux parler d?elle», dit-il dans le reportage. Mais cette Algérie dont il parle avec sensibilité, semble l?avoir oublié, d?où le projet du réalisateur, de faire découvrir une figure de la culture algérienne aux Algériens. «Il faut qu?on garde quelque chose de ces gens-là», explique-t-il, ajoutant que «c?est pour la mémoire» qu?il dresse un portrait d?un homme si riche, mais très peu connu de tous. Mohamed Aksouk parle de l?Algérie à travers ses peintures, une Algérie lointaine dans le passé, qui apparaît seulement dans ses souvenirs, mais qu?il porte généreusement ? et loyalement ? dans son c?ur, un c?ur marqué par un dépit, une nostalgie, un déchirement intérieur. Le deuxième film, Bouts de vie à bouts de rêves, met en scène un autre artiste-peintre, Mustapha Boutadjine, qui, en ce moment, expose ses tableaux à la bibliothèque nationale du Hamma. Cette rencontre peu ordinaire nous révèle un artiste dont tout le travail se base sur la mémoire, puisqu?il réalise des portraits de grands personnages qui, par leur combat pour les libertés des peuples et leur droit à la citoyenneté, ont marqué notre histoire. C?est pour cette raison que le réalisateur s?est intéressé à lui, à son rapport à l?Histoire et aussi par rapport à son travail qui se distingue par une technique particulière consistant à utiliser des bouts de papiers de magazine de luxe pour en faire, en associant le graphisme, des ?uvres d'une grande sensibilité. Dans l?un comme dans l?autre, le réalisateur, Hamid Benamra, qui, lui aussi, a choisi le chemin de l?exil, prête la parole à des voix, voix d?artistes, voix d?exilés, à la mémoire fragmentée. Un exil forcé mais aussi initiatique. Tous les deux sont allés ailleurs pour apprendre et enrichir leur expérience personnelle et également artistique.