Toute la journée d'hier, les combattants du MNLA étaient accrochés aux informations sur une éventuelle libération des 7 otages algériens détenus depuis jeudi par un groupe d'AQMI au nord du Mali. Nord du Mali. De notre envoyée spéciale
«Des proches de l'organisation terroriste nous ont affirmé que tous les otages allaient être libérés. Nous attendons juste de connaître le lieu pour les récupérer», a déclaré un haut cadre du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), qui préfère être «prudent» en évitant d'être affirmatif. «Nous voulons attendre jusqu'à ce que les otages nous soient remis pour être certains de leur libération», nous précise-t-il. Mais jusqu'en fin de journée, aucune autre nouvelle. Les dirigeants du MNLA, nous souligne-t-on, auraient adressé un signal «très fort» aux preneurs d'otages par le biais de celui qu'ils connaissent bien, à savoir Iyad Ag Ghaly qui dirige le groupe islamiste armé Ançar Eddine. «Un délai leur a été donné pour libérer les otages et quitter l'Azawad. Dans le cas contraire, ils seront délogés par la force des armes», explique notre source. En fait, Iyad sait que son rôle de «négociateur» dans cette affaire sera déterminant non seulement pour ses relations futures avec l'Algérie, mais également pour sa position par rapport aux dirigeants du MNLA ; beaucoup voient d'un mauvais œil ses relations suspectes avec AQMI et ses prises de position par rapport au mouvement. Des informations sur une probable implication de quelques éléments de Ançar Eddine dans ce rapt se précisent de plus en plus. Entre Iyad et Belmokhtar existe une longue relation d'intérêt ; ils se rendent service mutuellement et ce, depuis fort longtemps. Ce qui est certain, pour l'instant, c'est que les menaces du MNLA contre AQMI ont commencé à porter leurs fruits. Hier, des colonnes entières de membres et de proches d'Al Qaîda ont quitté la ville de Kidal ; d'autres, installés à Gao, auraient commencé à partir hier. Tous ces terroristes se dirigeaient vers la région de Taoudenni, au nord-ouest du Mali, non loin de la frontière avec la Mauritanie. La zone est connue pour être leur fief depuis assez longtemps, nous dit-on. Cependant, personne n'est en mesure d'exposer les intentions des chefs de l'organisation terroriste : vont-ils quitter l'Azawad comme exigé par le MNLA ou garderont-ils cette place forte comme base arrière, sachant que c'est là que Belmokhtar a tissé ses plus fortes alliances (en épousant une des leurs) avec les tribus brébiches qui y vivent ? On n'en sait rien. Reste que le Mouvement de libération de l'Azawad fait de la libération des otages «la priorité des priorités» parce qu'il y va de la réputation de son combat. «Nous refusons tout amalgame autour de notre combat pour l'indépendance. Nous n'accepterons jamais que des armes autres que celles détenues par le Mouvement circulent sur notre territoire», affirment les cadres dirigeants du MNLA avec lesquels nous nous sommes entretenus, qui suivent de près l'affaire des otages. Ils reconnaissent, certes, que la situation n'est encore pas maîtrisée, mais l'enlèvement a fait l'effet d'un séisme dans les rangs, au point de susciter de la peur et un sentiment d'insécurité. «Aucun d'entre nous aurait cru que certains dirigeants du MNLA seraient obligés d'avoir une escorte, sur une terre libérée, avant le rapt des membres de la mission consulaire algérienne», lance, amer, un officier du Mouvement, qui regrette néanmoins que l'Algérie n'ait pas pris au sérieux les inquiétudes du Mouvement après la prise de Gao. «Nous avions pris attache avec le consul avant même d'entrer dans la ville. Nous lui avons demandé de partir et de rapatrier les familles. Il nous a dit qu'il attendait les réponses d'Alger. Après le contrôle de la ville par le MNLA, nos représentants ont revu le consul et insisté pour qu'il parte avec le personnel, surtout après les incidents autour du consulat. Il a installé les familles qui résidaient loin du siège dans des bureaux, loin du bloc administratif. Lorsque les terroristes sont venus vers 8h 30 (et non vers 11h comme l'ont affirmé d'autres cadres) ils se sont dirigés vers les bureaux de l'administration consulaire ; ils ont emmené tout le personnel et refermé les portes. Un seul a échappé parce qu'il était avec les familles, de l'autre côté. Celles-ci ont vécu l'enfer», raconte un des responsables du MNLA à Gao, qui nous confirme le départ des groupes d'AQMI de Gao, sans pour autant dire vers quelle direction. «Tout est encore confus. Nous attendons le retour des otages pour décider de la suite sur le terrain», confie-t-il.