La scène proche-orientale semble bloquée, mais en apparence seulement, car il y a une nette tendance à bousculer le statu quo à travers une véritable épreuve de force. Le tout est de faire céder la Syrie considérée, selon toute vraisemblance, comme le verrou qu'il faille faire sauter. C'est en tout cas la lecture qui est faite des évènements internationaux concernant la région du Proche-Orient, depuis le printemps dernier, rappelant en tout point la situation vécue en 1996 peu de temps après le retour du Likoud au pouvoir en Israël. Le Premier ministre d'alors, Benjamin Netanyahu, avait alors développé un discours belliqueux et ouvertement agressif, faisant déjà de la Syrie le point sensible qu'il fallait détruire, cela permettant dans l'esprit des Israéliens de mettre au pas les organisations palestiniennes opposées au processus de paix, de soumettre la Syrie pour l'amener à renoncer à son plateau du Golan, et à lâcher la résistance libanaise en supposant que celle-ci est grandement influencée par la Syrie. On disait alors avec beaucoup de dérision et aussi de crainte que cela débouche sur une nouvelle guerre, qu'Israël voulait la paix et les territoires, par opposition bien entendu au processus de paix basé quant à lui sur l'échange de la paix contre les territoires. Huit années plus tard, les données sont demeurées inchangées sauf quelque peu dans la manière, puisque les Américains participent à cette pression, en accusant d'abord la Syrie de soutenir les organisations terroristes, entendre par là les organisations palestiniennes que les Américains qualifient de terroristes, fait pression sur la Syrie par le biais du Conseil de sécurité. Il y a donc comme une simultanéité des faits ou encore une opération bien orchestrée. Israël a accusé hier Damas d'être « un facteur qui influence le terrorisme » et mis la pression sur le mouvement radical palestinien Hamas avec l'intention déclarée d'« éradiquer le terrorisme ». L'expression est du Premier ministre Ariel Sharon qui a ajouté que « les quartiers généraux d'organisations terroristes le Hamas, le Jihad islamique et le Front populaire (de libération de la Palestine) et plusieurs autres opèrent à Damas. Les ordres sont donnés de là-bas et les rapports sont envoyés là-bas », a-t-il ajouté. M. Sharon a en outre accusé le Hezbollah libanais, principale organisation de la résistance anti-israélienne du Liban, « aux ordres de la Syrie, d'être déployé le long de la frontière, causant des incidents et une tension permanente le long de la frontière » israélo-libanaise. Un haut responsable israélien a, de son côté, affirmé que l'Etat hébreu entendait éradiquer le « terrorisme » et détruire les infrastructures du Hamas. « Nous avons à notre disposition tout un arsenal et des méthodes auxquelles nous aurons recours, y compris les raids ciblés (...) Il n'y aura pas de sanctuaire pour les terroristes », a-t-il ajouté. Pourtant et hier encore, toutes les actions palestiniennes partaient des territoires occupés palestiniens. Rappelons que le Hamas avait revendiqué un double attentat, qui a fait le 31 août seize tués israéliens à Beersheva, dans le sud d'Israël considéré comme un acte de vengeance contre la campagne israélienne d'assassinats ciblés qui avait frappé la tête de cette organisation qui avait perdu ses deux chefs Cheikh Ahmed Yassine en mars dernier, et un mois plus tard son successeur Abdelaziz Rantissi. Israël et le monde entier savent que c'est là une lutte de libération nationale, et la Syrie est dans son droit de lui apporter son soutien tout comme il est de son droit de revendiquer la restitution de ses territoires illégalement ocupés depuis 1967 par Israël. C'est aussi une fuite en avant en ce sens qu'Israël malgré les moyens n'a pu venir à bout de la résistance palestinienne. Hier à l'aube, les troupes israéliennes ont pénétré à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza. Une vingtaine de blindés escortés de bulldozers et appuyés par des hélicoptères d'assaut sont dans le même temps intervenus dans le nord de la région, à Jabaliya, et pris position aux abords de Beit Lahya. Mais cela n'a pas empêché le Hamas de tirer à partir de ce secteur et presque au même moment, quatre roquettes artisanales Qassam, qui se sont abattues en territoire israélien. Pendant ce temps, la communauté internationale affiche une attitude qui ne peut être qualifiée de complaisante, puisque en rupture avec son empressement à vouloir affirmer sa présence.