Les contestataires veulent installer une direction collégiale pour gérer la campagne électorale et les affaires du parti. Abdelaziz Belkhadem accuse ses adversaires d'«avoir falsifié les signatures des membres du CC» et les défie de prouver le contraire. Les membres du comité central (CC) du FLN l'ont annoncé hier. Le quorum nécessaire (deux tiers des membres du CC) pour contraindre le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, à convoquer la session extraordinaire du CC est atteint. «Nous avons réussi à avoir le nombre de signatures requis pour la convocation de cette réunion et nous avons adressé une lettre à Belkhadem», déclare Abdallah Boussnane, ex-sénateur et un des meneurs de cette fronde. Abdallah Boussane estime que le secrétaire général du FLN «doit avoir la décence de convoquer, dans les plus brefs délais, cette réunion». «Nous pourrions procéder à l'installation d'une direction collégiale pour gérer la prochaine campagne électorale et les affaires du parti», ajoute-t-il. Pour sa part, l'ancien ministre, Boudjemaâ Haïchour se dit convaincu que la destitution de Belkhadem aura lieu avant le 10 mai prochain, date de la tenue des élections législatives. «Tout sera fini avant les élections», lance-t-il. Mais, Abdelaziz Belkhadem résiste. Hier, dans une déclaration faite en marge d'une rencontre avec les membres du panel onusien tenue au siège national du FLN, il a accusé ses adversaires «de falsification des signatures des membres du CC». «Ils n'ont obtenu que 71 signatures. J'ai reçu des correspondances qui prouvent que les initiateurs de cette réunion ont falsifié des signatures et gardé sur leur liste des noms qui se sont démarqués de leur démarche à la dernière minute», a-t-il affirmé. Poursuivant, il défie les contestataires de prouver le contraire. «Ayez le courage de publier votre liste dans la presse, si vous avez réellement obtenu le quorum pour l'organisation d'un Comité central extraordinaire», a-t-il déclaré à l'adresse de ses rivaux. Le secrétaire général du FLN tente d'ajourner le plus longtemps possible la convocation de cette réunion, même s'il se dit prêt à quitter le parti après les législatives. «Je suis prêt à quitter le parti après les élections législatives à condition que ces gens obtiennent le quorum pour la tenue d'une réunion du comité central. Le FLN a connu plusieurs secousses. Goudjil et les redresseurs avaient tenté de me chasser du parti, mais en vain», a-t-il enchaîné. Belkhadem risque de rater la marche… de 2014 Accusé par ses adversaires de vouloir se servir de l'ex-parti unique pour réaliser ses ambitions présidentielles, Abdelaziz Belkhadem risque de rater la marche. «S'il (Abdelaziz Belkhadem, ndlr) perd la direction du FLN, il ne sera pas présent en 2014», affirme le sociologue Nacer Djabi. Et d'ajouter : «Je crois qu'il a très mal géré cette campagne de la confection des listes électorales. Il s'est fait beaucoup d'ennemis et il va payer. Car il n'a pas pris en considération les rapports de force à l'intérieur du FLN et les intérêts des uns et des autres. Et cela sans être un homme fort, capable de renverser la situation à son profit». Le sociologue estime encore que cette crise a «un rapport direct» avec la présidentielle de 2014. «Les législatives peuvent être considérées comme des primaires pour la prochaine présidentielle. Et c'est pour cela que je crois que la prochaine assemblée n'aura pas une durée de vie très longue. Le FLN est en train de vivre le même schéma que celui de 1991, où il a participé aux élections tout en étant divisé. Peut-être il y a certains cercles de décision qui vont essayer de se débarrasser de Belkhadem avant 2014», dit-il, en rappelant que le FLN «n'a jamais fonctionné comme un parti politique indépendant de l'Etat depuis l'indépendance». «Je pense que cette crise est un des prémices du changement du paysage politique en Algérie. Parce qu'une crise à l'intérieur du FLN est aussi une crise du système politique algérien. On l'a vu aussi en 2004. Quand il y a une crise au FLN, c'est tout le système qui est secoué», ajoute-t-il.