Si les pouvoirs publics persistent à maintenir la marge de rémunération fixée actuellement à 4%, il n'est pas à exclure que des centaines de stations-service déposeront leurs bilans. C'est le ras-le-bol chez les propriétaires privés et exploitants libres de 2250 stations-service. Sept ans à attendre une hypothétique hausse de la marge de rémunération de l'activité de vente au détail des carburants. D'attentes en promesses jamais tenues, ils tirent la sonnette d'alarme sur le risque de l'arrêt imminent de l'activité de centaines de stations-service à travers le territoire national. «La marge de rémunération est restée inchangée depuis 2005. Le SNMG a augmenté et beaucoup de charges ont suivi, dont les cotisations à la CNAS et à la Casnos, mais la marge est restée la même. Le gouvernement nous a promis sa révision avant les élections législatives de mai. Pour l'instant, on n'en a rien vu», a déploré Mustapha Boudjemlal, président de la Fédération nationale des exploitants libres de stations-service (FNELSS). Celui-ci intervenait hier, lors d'une conférence de presse organisée à la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Selon lui, le décret exécutif 08-289 de septembre 2008 exige pourtant une révision de la rémunération de l'activité de commercialisation au détail des carburants, en vertu de l'avènement de certains paramètres, dont la hausse du SNMG. L'article 24 dudit texte réglementaire stipule que «les modalités de détermination de la rémunération de l'activité de commercialisation de détail sont réexaminées tous les cinq ans par la vérification de la validité des paramètres de base ayant servi à leur détermination et leur ajustement éventuel, en consultation avec les distributeurs concernés». Si les pouvoirs publics persistent à maintenir la marge de rémunération fixée actuellement à 4%, il n'est pas à exclure que des centaines de stations-service déposeront dans les prochaines semaines, de facto, leurs bilans, a prévenu l'orateur. Même désarroi chez Hamid Aït Anceur, président de l'Union nationale des investisseurs et propriétaires de relais et stations-service (Uniprest) : «Nous ne pouvons plus faire face aux différentes charges. Nous travaillons à pertes. Nos requêtes adressées à la tutelle n'ont pas eu un écho favorable. Nous demandons seulement l'application du décret de 2008.» Dans le cas contraire, près de 70% du réseau national de stations-service sur un total de 2250 ne seront plus en mesure de distribuer du carburant. Du coup, ce ne sont pas moins de 30 000 emplois qui risquent de disparaître, selon lui. «L'arrêt de l'activité des exploitants aura des répercussions néfastes sur le citoyen et l'économie. Les autorités doivent agir rapidement», a exhorté Samir Laribi, président par intérim de l'Uniprest. D'après M. Aït Anceur, la solution du problème n'est pas synonyme d'une augmentation des prix de carburants. «Il existe des mécanismes selon lesquels les marges bénéficiaires peuvent être relevées sans toucher aux prix du carburant», a-t-il assuré. Entre 2009 et 2010, l'Uniprest a réalisé deux études de rentabilité qu'elle a adressées à l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH). «Nos études corroborent les résultats des études faites par l'ARH», a fait savoir le président de cette association affiliée à la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA). Regroupés au sein d'une coordination pour défendre leur revendication, la corporation des gérants de stations-service a exclu par ailleurs l'option d'une grève nationale, préférant faire valoir «la notion sensible du service public» et le souci de «ne pas jeter de l'huile sur le feu».