Après Marseille et Paris, le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, effectue une tournée en France avec deux objectifs, a-t-il indiqué, jeudi, aux correspondants de la presse nationale accrédités en France : l'évaluation des facilitations accordées aux nationaux quant à l'établissement du passeport biométrique et la préparation des législatives. Paris. De notre correspondante Mais, en filigrane, il y a cette inconnue et cette interrogation : les électeurs immatriculés iront-ils voter les 8, 9 et 10 mai ? Les représentants de l'Etat algérien et surtout les candidats et leurs partis réussiront-ils à les sensibiliser, à susciter leur intérêt et à les mobiliser ? Trois jours pour voter, contre cinq pour les précédents scrutins. Les dates des 8, 9 et 10 mai ont été arrêtées semble-t-il d'un commun accord, entre les gouvernements algérien et français, pour éviter que les législatives algériennes et la présidentielles française (2e tour fixé au 6 mai) se chevauchent et pour permettre aux binationaux de voter pour l'un et l'autre scrutins. Aux correspondants de la presse nationale en France M. Benatallah a expliqué, jeudi, que la réunion qu'il a tenue le jour même à l'ambassade d'Algérie à Paris, dans des locaux complètement rénovés, avec les chefs des postes consulaires en Europe, a porté sur trois principaux sujets : l'évaluation des facilitations administratives et consulaires accordées aux nationaux résidant à l'étranger depuis un an et demi en termes de première immatriculation, procédure habituellement lourde et qui requiert souvent plusieurs mois, alors que, selon le ministre, la législation est «claire» ; sur la tenue des législatives et la préparation du cinquantième anniversaire de l'indépendance nationale. Le dispositif logistique pour le déroulement du scrutin des 8, 9 et 10 mai dans les postes consulaires est en place, a affirmé Halim Benatallah. S'agissant de la mobilisation et de l'intérêt suscité par cette élection, «la réponse est venue de l'engouement des candidats ». Et de préciser, en réponse au questionnement des journalistes sur le contrôle et la transparence du vote, notamment : «Nous n'avons de cesse de répéter que l'élection doit être transparente et régulière, sans interférence de quelque nature que ce soit des agents consulaires. Nous offrons le cadre de l'opération électorale.» Les agents consulaires «doivent s'imprégner de l'esprit des nouveaux textes». «Il y a une technicité dans la loi qu'il faut saisir.» Et d'ajouter que des journées d'information ont été organisées pour se conformer à la «dictature» des textes. Halim Benatallah a ensuite évoqué l'aspect mobilisation et évaluation des candidatures, pour constater qu'«il n'y a que des visages nouveaux à 99 %». «L'objectif d'encourager les candidatures de jeunes et de femmes a été atteint.» A l'examen des listes, nous avons, pour notre part, constaté que rares sont les femmes titulaires en titre, elles sont, à l'écrasante majorité, deuxièmes titulaires ou suppléantes. Un seul rejet a été enregistré en zone 1 pour non-respect de la parité. Un recours a été introduit auprès du tribunal de Sidi M'hamed. Redonner aux postes consulaires la faculté de décider sur place Concernant les facilitations administratives accordées aux administrés, selon Halim Benatallah, il s'agit de redonner aux postes consulaires, par l'application des textes, la faculté de décider. Une autre facilitation est de permettre la délivrance de passeports traditionnels jusqu'en 2015, date buttoir internationale pour la généralisation des passeports biométriques. Autre facilitation citée par Benatallah : l'octroi aux personnes en instance de régularisation de séjour dans le pays d'accueil d'un passeport d'une validité d'une année pour justifier de leur identité et faciliter la procédure de leur régularisation. S'agissant de l'impact de ces mesures, aux dires du secrétaire d'Etat en charge des Algériens à l'étranger il est mesurable statistiquement, dans la mesure où une «augmentation annuelle de 10% des premières immatriculations» a été enregistrée. Parmi ces 10% figure «une frange importante de jeunes». Quant à la délivrance du fameux S 12, qui «relevait du parcours du combattant», en accord avec le ministère de l'Intérieur, une «procédure préférentielle» a été arrêtée depuis quelques jours, par laquelle les ressortissants à l'étranger pourront demander par voie d'internet ce document indispensable pour la délivrance du passeport biométrique. La demande sera enregistrée au ministère de l'Intérieur, qui l'acheminera vers la wilaya concernée et au consulat où sera vérifiée l'immatriculation du demandeur. Cette procédure a été expérimentée à Marseille. «Nous travaillons sur le dispositif du biométrique depuis quelques années. Jusque-là le ministère de l'Intérieur avait pour priorité la satisfaction de la demande nationale. Pour la communauté à l'étranger nous avions un rattrapage à faire. Le moment est arrivé de mettre à jour ce dispositif en intégrant les spécificités consulaires.» Pour ce faire, il a fallu procéder à une adaptation des logiciels. «Nous sommes venus vérifier que les choses sont au point au plan des équipements, de la formation et des procédures.» Un test a été effectué à Bobigny, le dispositif fonctionne. L'enrôlement (l'introduction) de la demande du S 12 sera généralisé au niveau de tous les consulats aux alentours du 15 juin. Il restera toutefois à régler deux contraintes : l'acheminement sécurisé des données pour l'établissement du passeport biométrique. Pour remplacer l'acheminement de ces données par le biais de la valise diplomatique (canal utilisé jusqu'ici), Il faudra envisager un dispositif électronique sécurisé. «Cette contrainte va être réglée avec le temps.» «Il faudra rôder les procédures progressivement.» Il faudra aussi que «les concitoyens s'adaptent à la culture du biométrique». C'est la deuxième contrainte soulevée par Benatallah. Jusque-là le passeport était délivré dans les 24 heures, le biométrique exige plus de temps, environ un mois, «délai en vigueur dans les pays européens». Les demandeurs devront, pour commencer, prendre rendez-vous par téléphone ou internet, pour que la procédure puisse être enclenchée. Quant aux procédures exceptionnelles, elles ne pourront être que «marginales». Plus de 400 activités pour le cinquantenaire de l'indépendance nationale Le ministre a également évoqué les préparatifs de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, faisant part de 400 activités d'un programme évolutif qui s'étalera sur une année, à compter du 5 juillet prochain. Ce programme comprendra un axe mémoriel, un axe festif et enfin un axe culturel, avec des conférences, des expositions, des projections de films, des rencontres sportives et une participation des jeunes de la communauté aux festivités en Algérie. Interrogé enfin sur le projet de conseil consultatif de la communauté algérienne à l'étranger, il nous affirme que «l'option a été prise de faire mûrir le projet, de faire les choses consciencieusement, de prendre les avis des gens concernés. On a été tentés de mettre en place cette instance en janvier, mais, après réflexion, on a préféré ne pas agir précipitamment. Ce conseil doit obéir au même esprit que les législatives, soit la représentativité et la transparence». Halim Benatallah dira qu'il a fait appel à des contributions, il en a reçu seulement trois en un an de débats et les trois contributions excluent le mode électif de cette instance. Le projet sera repris après les élections.