L'évolution en volume du commerce mondial reste en deçà de sa tendance d'expansion d'avant la crise de 2008-2009. En 2011, les échanges commerciaux mondiaux n'ont progressé que de 5% en volume, après l'exceptionnel rebond de 13,8% enregistré en 2010. C'est ce que rapporte, dans son dernier rapport, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui explique ce fléchissement par la quasi-stagnation de la machine économique en Europe, sérieusement perturbée par la crise de la dette, la hausse des prix de l'énergie, les révolutions dans le Monde arabe et les catastrophes naturelles. L'OMC note que, contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, les pays développés ont enregistré une progression des exportations plus forte que prévu à 4,7%, grâce à la performance des Etats-Unis (+ 7,2%) portée par un dollar faible, en dépit des conséquences du tsunami et de la centrale de Fukushima qui ont plongé le Japon dans la récession et gêné le commerce dans la région. En revanche, les pays émergents n'ont accru leurs ventes à l'étranger que de 5,4%. A l'exception de la Chine, dont les exportations ont progressé de 9,2%, les livraisons de ses voisins (Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong) n'ont augmenté que de 6%. Les inondations en Thaïlande ont fait plonger de 8,5% les exportations de ce pays au dernier trimestre de l'année dernière. Quant à l'Afrique, la quasi-interruption (-75%) des exportations de pétrole de Libye durant les attaques occidentales explique la chute de 8,3% des exportations de l'ensemble du continent. L'OMC souligne que les révolutions arabes ont aussi largement perturbé les échanges, puisque les exportations de services, en particulier le tourisme, ont chuté de 20% en Tunisie et en Egypte. Au-delà de l'extrême volatilité de ces résultats en 2011, la tendance de fond, proche de la stagnation, demeure. «Plus de trois ans ont passé, depuis l'effondrement du commerce en 2008-2009, l'économie mondiale et le commerce restent fragiles», explique, le directeur de l'OMC, Pascal Lamy. L'Organisation prévoit une année 2012 encore plus mauvaise, avec une croissance des échanges mondiaux de 3,7%, très en dessous de la moyenne des années 1990-2008 qui était autour de 6%. Une légère progression de 5,6% est cependant prévue en 2013 «si la zone euro n'est pas soumise à de nouvelles turbulences et si les prix des matières premières n'explosent pas». Par ailleurs, l'évolution en volume du commerce mondial reste en deçà de sa tendance d'expansion d'avant la crise de 2008-2009. «L'écart devrait même se creuser aussi longtemps que le taux de croissance des échanges mondiaux restera durablement en dessous de sa moyenne de progression d'avant la crise financière de 2008», explique encore l'OMC. Les responsables de l'organisation conseillent de s'armer de patience : «Cela arrivera après que les gouvernements, les entreprises et les ménages se seront désendettés, mais ce processus prendra des années. Dans l'intervalle, le monde devra se résoudre à une longue période de stagnation du commerce mondial.