Le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, a brossé un tableau des plus sombres sur la situation politique, économique et sociale de l'Algérie. Dans un message adressé dernièrement aux membres du conseil national de son parti, rendu public hier, le leader du FFS livre sa lecture de la scène politique nationale. C'est en démarrant de l'opacité ayant jalonné la période d'hospitalisation du président Bouteflika en France que Hocine Aït Ahmed a commencé son analyse du fonctionnement des institutions. Des institutions qui, a-t-il précisé, sont basées sur le mensonge et la rétention de l'information « pour s'accrocher au pouvoir et éviter la rupture du système et ainsi reconduire le statu quo à leur manière ». « Décidément, les maîtres du pays viennent d'inventer l'apesanteur du mentir vrai, refusant de décoller leurs semelles et leurs cervelles engluées dans une nouvelle mystification aussi rocambolesque que révélatrice. Comme si l'hospitalisation du président au Val-de-Grâce à Paris avait pris de court les faiseurs de la propagande officielle et mis à mal l'image largement véhiculée dans le monde d'une Algérie enfin pacifiée, normalisée et réconciliée avec elle-même par une charte mort-née », a souligné Hocine Aït Ahmed. Pour lui, la maladie du chef de l'Etat a créé une impasse sans précédent. Le pays, a-t-il ajouté, a sombré dans une crise gravissime. « Je dis bien gravissime, non pas à cause de la certitude que les gardiens du temple veilleront bien à garder la maîtrise du pouvoir et le statu quo. » Selon le président du FFS, l'impasse résultant de la maladie de Bouteflika ne ressemble pas aux crises de succession. Cette impasse, a-t-il précisé, « est grosse de tous risques », car elle a mis fin « à la fiction de l'existence d'un Etat algérien » et a révélé, dans le même temps, la déliquescence des rouages du système. « Le recours dérisoire à un chanteur célèbre certes, mais totalement incongru dans la fonction de porte-parole sur l'état de santé de Bouteflika, a montré la défaillance de la machine institutionnelle et celle de la communication officielle », a estimé M. Aït Ahmed. Les preuves de la décomposition sociologique profonde des institutions ont été apportées, a-t-il souligné, par les festivités organisées à l'occasion du retour de Bouteflika au pays. « Dans le fond et la forme, cette hystérie à recruter du peuple à tout prix pour montrer la popularité du Président et faire taire les rumeurs et surtout les appétits autour de la succession est un indice de la décomposition et d'infiltration de l'administration par de nouvelles forces qui ont émergé à la faveur de la décennie noire », a-t-il expliqué. Ainsi, Hocine Aït Ahmed trace la ligne à suivre par les militants et les cadres du FFS. Une ligne basée sur la quête de la vérité en puisant dans l'histoire de la Révolution pour une meilleure compréhension de la faillite institutionnelle actuelle. Le président du FFS exhorte ses cadres à fédérer leurs efforts pour l'instauration de la 2e République.